10 infos étonnantes sur la série TV "L'Incroyable Hulk"

10 infos étonnantes sur la série TV "L'Incroyable Hulk"

Temps de lecture : 8 min

10 infos étonnantes sur la série TV "L'Incroyable Hulk"

Aujourd'hui, les fans des comics Marvel sont comblés par le crossmedia, cette possibilité qu'ils ont de voir les aventures de leurs supers-héros préférés sur tous les supports que ce soit en dessins animés ou en live : TV, Netflix, Jeux-vidéos, Cinéma... Mais [option vieux con on] de mon temps, quand j'étais jeune, on va dire fin des années 70, début des années 80, il n'était pas aussi simple de retrouver de la cape au vent et de la combinaison moulante en dehors des cases de Strange et consort. [option vieux con off] Il faut reconnaître que de ce côté-là, la Distinguée Concurrence avait sacrément pris de l'avance entre la série live Batman des années 60, le même en dessin animé venant en aide à l'équipe Mystère et compagnie, Scooby-Doo en tête, ou encore Superman sur grand écran dès 1978.

Du côté de la Maison des Idées, il y avait bien eu quelques dessins animés dans les années 60 dont le plus connu, en partie pour son générique, fut Spiderman - je me demande même si à l'époque, le titre n'était pas L'homme araignée ou L'Araignée -, quelques téléfilms qu'on faisait passé pour des vrais films de cinéma, en salle, comme Captain America. J'ai beau me creuser le ciboulot, je ne trouve pas d'autres exemples. Si vous en avez, l'espace commentaires vous est grand ouvert.

Et puis, le 20 décembre 1980, si j'en crois Wikipédia, le monstre vert arriva sur TF1. Le fan boy en moi dansa pendant plusieurs jours la danse de la joie. Après quelques épisodes, la danse de la déception fut de mise. Mais je continuais à regarder parce que, bon, Hulk quoi ! Finalement, je me suis laissé prendre et je n'ai manqué aucun épisode, toujours fidèle au poste. J'adorais - j'adore toujours - la musique de fin où en voyait Banner reprendre la route, le pouce levé, pour une nouvelle destination.

Ce qui était déceptif, c'était le canevas des épisodes, très proche du Fugitif, par exemple. Au milieu de l'épisode puis quelques minutes avant la fin de l'épisode, Banner s'énervait, se transformait en Hulk, faisait la bagarre, résolvait les problèmes de ses nouveaux amis, se calmait parce que le budget était serré et qu'il ne fallait pas trop casser de murs en polystyrène, leur disait au revoir et reprenait la route pour échapper à la police et à un journaliste qui le traquait. Une fin, toujours la même, façon Lucky Luke "I'm poor lonsome cowboy". Finalement, c'était un feuilleton comme beaucoup d'autres. L'esprit comics, super-héros, grands pouvoirs grandes responsabilités, n'y était pas. C'était un début. Il faudra attendre quelques décennies pour que le grand écran sublime la matière papier et les phylactères.

En repensant à la série, j'ai eu l'envie nostalgique de vous en parler, peut-être de vous la faire découvrir, en vous révélant 10 infos que vous ne connaissez probablement pas sur L'incroyable Hulk.

1 - "Ils" ont changé le nom du héros

Je n'ai jamais compris pourquoi. Alors que dans les comics le Docteur Banner se prénomme Bruce - précisément Robert Bruce Banner - dans la série, il s'appelle David. J'apprécie l'hommage mais je me suis toujours demandé ce qui s'était passé dans la tête des traducteurs. Certes ce n'était pas une première. Dans la série Ma Sorcière bien-aimée, le mari de Samantha s'appelle Jean-Pierre Stevens dans la version française et Darrin Stephens dans la version originale. "Darrin" n'étant pas un prénom répandu en France, on peut comprendre la modif. Le Patron de Jean-Pierre, notre Alfred Tate s'appelle aux États-Unis Lawrence "Larry" Tate. Là aussi, on imagine qu'à l'oral, "Lawrence" ressemblant" à "Laurence", on lui a préféré un nom plus testostéroné. Mais Bruce ! Ma théorie, c'était que les gars se sont dit que ça ferait trop asiatique, Bruce Lee, tout ça. Eh ben, pô du tout ! J'ai enfin trouvé la réponse. Et elle est plutôt choucarde. Les créateurs de la série avait peur d'utiliser le prénom "Bruce" parce qu'il avait des connotations trop homosexuelles. Une pensée pour tous les Bruce hétéros qui lisent présentement ces mots.

2 - Une origin story différente

Côté Comics, Bruce Banner est un physicien qui crée une nouvelle arme nucléaire, la bombe G, à base de rayons gamma. Lors d'un essai, il sauve un adolescent se trouvant dans la zone d'explosion mais se retrouve bombardé de rayons gamma lui modifiant l'ADN. On connait la suite.

La théorie de l'accident n'est absolument pas développée de la même façon pour la série. David Banner est traumatisé par l'accident de voiture qui a tué sa femme, plus particulièrement par le fait qu'il n'a pas pu l'extraire du véhicule en feu. Il consacre désormais son temps de recherche à étudier les personnes qui, en situation de danger, développent une force surhumaine pour sauver leurs proches. Banner en arrive à la conclusion que des niveaux élevés de rayonnement gamma contribuent à l'augmentation de la force. Il effectue un test sur lui. Là aussi, on connait la suite.

3 - Hulk doit son existence à deux romans très connus

Sortons un peu du cadre de la série TV pour s'intéresser au personnage. Selon Stan Lee, son créateur, la dualité de Bruce Banner et de Hulk est une référence directe au Dr Jekyll et Mr Hyde de Robert Louis Stevenson. Un docteur qui se laisse submergé par une entité incontrôlable d'une force surhumaine, pas de doute, l'histoire d'Hulk en est bien la version moderne. Le double vert de Banner quant à lui possède toutes les caractéristiques d'un autre monstre inventée au 19ème siècle par ‎Mary Shelley dans Frankenstein ou le Prométhée moderne.

4 - Une dualité à deux acteurs

Les effets spéciaux de l'époque ne tenant pas encore du numérique, il a fallu deux acteurs pour jouer le calme docteur et le vert bouillant. Banner était interprété par un habitué des premiers rôles de séries TV américaines comme Mon Martien favori ou encore une série que j'aimais beaucoup Le Magicien, Bill Bixby.

Le rôle de Hulk fut donné à un culturiste au palmarès impressionnant, sorte de Poulidor du biceps étincelant, rarement premier mais toujours classé à des concours comme Mr Universe ou Mr Olympia, Lou Ferrigno. Ce fut, pour lui, le début d'une longue carrière à la TV comme au cinéma où, encore aujourd'hui, il est la voix américaine de Hulk dans le Marvel Cinématique Universe.

5 - Triste prémonition

La vie de Bill Bixby ne fut pas une partie de plaisir. Il divorce de l'actrice Brenda Benet en 1980 après neuf ans de mariage. Leur fils, Sean Christopher, meurt un an plus tard à l'âge de 6 ans des suites d'une infection rarissime. Brenda Benet se suicide un an après, le 7 avril 1982. Elle avait joué aux côtés de son mari dans l'épisode 18 de la saison 3 de L'Incroyable Hulk intitulé Prémonition.

6 - Des références françaises

Nous avons vu les références littéraires qui amenèrent Stan Lee à créer Hulk. Il en est une autre pour la série, française cette fois. Le producteur de la série, Kenneth Johnson, était un grand fan de Victor Hugo et, plus particulièrement des Misérables. La série s'inspire du roman en associant les caractéristiques de Jean Valjean à David Banner et ceux de Javert au journaliste qui poursuit Hulk, Jack McGee. Je soupçonne que l'idée est venue au producteur à la lecture d'un passage précis du roman. Souvenez-vous, Jean Valjean a changé d'identité et s'appelle désormais M. Madeleine. Alors qu'une charrette renversée écrase le père Fauchelevent, l'ancien forçat, malgré la présence de Javert, soulève à lui tout seul le véhicule et sauve l'homme d'église. Les soupçons de l'inspecteur s'en trouve confirmés. Javert ne connaît qu'un seul homme disposant d'une telle force, Jean Valjean. Et là, les parallèles se rejoignent. Hulk est un Jean Valjean vert. Ça vous en bouche un coin, hein, qu'il y ait un point commun entre Victor Hugo et Hulk, en plus du fait que leur nom tient en quatre lettres et qu'ils commencent par les deux mêmes. 😉

7 - Enfin d'autres personnages Marvel arrivent dans la série !

L’Incroyable Hulk comporte 5 saisons, 79 épisodes et 6 téléfilms. Nous allons nous intéresser aux trois derniers téléfilms qui furent diffusés entre 1988 et 1990.

Dans Le Retour de l'incroyable Hulk, David Banner retrouve un ancien élève, Donald Blake, qui lui raconte avoir trouvé une massue viking dans une grotte lui permettant de faire apparaître le dieu nordique Thor. Y a un petit fumet d'Avengers dans l'air, vous ne trouvez pas ? Bon, on ne va pas se mentir, le Thor est plutôt cheapouille. Je vous laisse en juger avec cet extrait vidéo.

Dans Le Procès de l’incroyable Hulk, comme d'habitude notre auto-stoppeur préféré débarque dans une nouvelle ville. Mais pas n'importe laquelle, une ville contrôlée par Wilson Fisk. Les fans de comics et les abonnés Netflix se sont déjà écriés "Mais c'est Le Caïd !" Je vous passe les détails mais Banner se retrouve en prison et lors de son procès il est assisté par, je vous le donne en mille, Matt Murdock, l'avocat aveugle qui, la nuit, enfile un coulant rouge avec de petites cornes et se fait appeler Daredevil. Enfin, ça, c'est dans les comics. Dans la série, il n'a plus ses cornes et se balade en collant noir.

Dans La Mort de l'incroyable Hulk, la rencontre avec un autre personnage de l'univers Marvel est plus subtile pour ne pas dire indétectable aux profanes. Banner travaille comme balayeur dans un complexe de recherche gouvernemental. Il raconte son histoire au Dr Pratt qui lui propose son aide. Dans le même temps, le laboratoire est infiltré par une espionne russe nommée Jasmin. Ce personnage n'est autre que Black Window. Je n'ai pas réussi à apprendre pourquoi le nom avait été changé. Allez, hop, petit extrait, en anglais cette fois.

8 - Les personnages Marvel qui ont failli intégrer la série

Dans l'ultime téléfilm, La Mort de l'incroyable Hulk, comme nous l'avons vu précédemment, apparaît un erzast de la Veuve Noire. Ce n'était pas le choix initial des scénaristes. Dans une première version du scénario, il était question d'introduire ou Miss Hulk, ou Iron Man. À savoir que le rôle de Tony Star devait être tenu par notre Magnum moustachu qu'on adore, j'ai nommé Tom Selleck.

9 - Les acteurs qui faillirent jouer Hulk dans la série

Le premier choix de la production se porta sur Richard Kiel qui d'ailleurs commença le tournage du premier épisode. Vous avez déjà vu ses 2,18 m se trimballer aux côtés de James Bond dans L'Espion qui m'aimait et Moonraker où il jouait le rôle de Requin. Mais Kenneth Johnson lors du tournage des premières scènes ne le trouva pas assez musclé.

Des auditions furent à nouveau lancées et deux acteurs furent au coude-à-coude, Lou Ferrigno et... Arnold Schwarzenegger. Ce dernier, avec son mètre quatre-vingts huit fut jugé trop petit et ce fut Ferrigno qui obtient le rôle du haut de son mètre quatre-vingts quatorze.

10 - Les références des films Marvel à la série

Dans le premier film cinéma centré sur le géant vert, sobrement intitulé Hulk, on retrouve les deux protagonistes principaux de la série. Lou Ferrigno, tout d'abord, qui tient le rôle d'un vigile. Le film est sorti en 2003. Bill Bixby est mort en 1993. Toutefois, le personnage de Nick Nolte s'appelle David Banner, en hommage à l'acteur.

Dans le deuxième film - et pour le moment dernier consacré au monstre vert - intitulé L'Incroyable Hulk, on peut brièvement apercevoir Bill Bixby dans une télévision passant une série des années 1960. Par ailleurs, parmi les petits rôles du film, on retrouve un jeune reporter qui porte le nom de Jack McGee.

Alors, heureuse ?

Alors, heureuse ?

Temps de lecture : 4 min

Alors, heureuse ?

Les raisons de pleurer sont nombreuses ces temps-ci. Une larme chasse l'autre. J'y pense et puis j'oublie. C'est la vie, c'est la vie. Et moi, et moi, et moi, je ne veux pas oublier. C'est pour cette raison que régulièrement, je couche mes peines sur un autre site, David Hey Ho. Comme une sorte de concours de larmes, de joie ou de tristesse. Parfois le vent s'engouffre dans un texte qui se veut drôle ou intelligent. La larme qui en résulte reflète la vacuité du souffle provoquant la réaction physique de l'oeil qui mouille de fatigue. Je pleure aussi parfois de ne pas être lu. Mon ego me noie. Ce qui n'assèche pas mon envie de mots. Mon esprit vagabonde. J'écris "mon envie de mots" mais j'entends "manger brie de Meaux". L'estomac sourd aux misères du monde. Ventre affamé n'a pas d'oreilles comme en atteste le bon sens populaire. Alors j'écris. J'écris pour ne pas oublier. J'écris entre les repas. J'écris comme devant un frigo ouvert en prenant ce que me vient, en faisant confiance à d'improbables mélanges entre deux tranches de pain. Je me régale d'avance de ce qui me comblera. Chaque recette est différente, les ingrédients évoluent, la mayonnaise prend, l'appétit vient en écrivant. Mon moteur ainsi alimenté m'ouvre la route du temps. Je n'oublierai pas.

Jean-Pierre Marielle nous a quitté cette semaine. Une moustache que j'aurai pu ajouter dans mon article d'hier. Les artistes sont des inconnus qui nous accompagnent une partie de notre vie sans en avoir conscience. Ils endossent des vies, des histoires, qui souvent ne sont pas les leurs. On les aiment pour ça. Même si on ne les a pas vu depuis longtemps, la nouvelle de leur mort nous attriste. Et là, vous vous dites, le gars nous a convoqué sur son blog avec un titre promesse d'une bonne séance de poilade et depuis le début, il nous tartine sa tristesse à la tronche. Moi aussi je suis triste. De la situation de la France, de la misère qui nous entoure, de l'incendie de Notre Dame, de la mort de Dick Rivers, et de plein d'autres choses auxquelles je ne veux pas penser histoire de conserver le peu de dignité qu'il me reste. Vous avez raison. J'arrête. Pas l'article, hein, la déprime.

Jean-Pierre Marielle nous a quitté cette semaine et je cherchais une façon originale de lui rendre hommage sur Facebook. La première réplique qui m'est venue à l'esprit c'est "Alors, heureuse ?". En cherchant confirmation sur Google, je me suis rendu compte que, peut-être, je m'étais trompé sur son origine. De là m'est venue l'envie de lancer une nouvelle série d'articles expliquant les célèbres répliques du cinéma. Je ne sais pas encore si l'idée est bonne. N'hésitez pas à me le dire en commentaires, ces fameux commentaires que très peu de visiteurs du blog utilisent à mon grand dam.

Je n'ai trouvé aucune référence, aucune vidéo, attestant avec assurance que Jean-Pierre Marielle a répliqué "Alors, heureuse ?" dans un film. Certains font référence au film de Joël Séria Les Galettes de Pont-Aven (1975), d'autres prétendent avoir entendu ces mots dans Comme la lune (1977) du même réalisateur. Petite anecdote, ce dernier devait s'appeler Le grand con mais les pudiques exploitants refusèrent d'afficher un gros mot aux frontons de leurs cinémas. Il proposa alors Con comme la lune qui fut également refusé. Compromis, chose due, le titre définitif et bien-pensant fut  Comme la lune.

Mais alors, d'où vient le fait que j'associe cette citation à Marielle. De deux choses l'une, ou j'ai meilleure mémoire que le net, ou je suis une bille en recherche Google. Ou alors jamais l'acteur n'a prononcé ces mots associés dans un film. Si cette dernière supposition est avérée, je crois en avoir trouvé la raison. A l'instar d'un Jean-Michel Larqué qui s'est toujours défendu d'avoir dit "Tout à fait, Thierry !" qu'ont popularisé les Guignols de l'Info, c'est quelqu'un d'autre, un imitateur, qui a imprimé dans l'inconscient collectif l'idée que ces mots provenaient de la bouche même de Jean-Pierre Marielle. Pas con, hein ! D'autant moins con que j'ai la preuve en image. Oui, je suis un guedin, j'utilise con comme je veux, moi.

Donc, tout ça serait à cause de Michel Leeb. Comme on lui a déjà collé une étiquette de raciste à cause des accents africain et chinois dont il se moquait à une époque où cela ne gênait personne, un peu plus, un peu moins...

"Alors, heureuse ?", c'est surtout l'expression d'une beaufitude absolue, de celui qui est sûr de son charisme sexuel mais dont il a quand même besoin d'une preuve en questionnant la partenaire après l'acte. Dans les années 80, une série de pubs pour lutter contre l'abus d'alcool avait comme slogan "tu t'es vu quand t'as bu ?" Et l'une d'elle...

Et au cinéma, alors, est-ce qu'on l'a utilisée cette réplique ? Absolument. Et plutôt deux fois qu'une.

On entend Paul Meurisse l'utiliser dans Du mouron pour les petits oiseaux en 1962. Plus tard, en 1973, c'est Jean-Paul Belmondo qui s'y colle dans Le Magnifique, film de Philippe de Broca.

Et puis, il y a eu quelques films et bouquins qui en ont fait leur titre :

Alors... Heureux ? film de Claude Barrois avec une BO de Daniel Balavoine, s'il vous plait (1980)
Alors ? heureuse ?
livre de Peter van Straaten, Futuropolis (1992)
Alors, heureuse ?
livre de Jennifer Weiner, Pocket (2004)
Alors heureuse… croient-ils ! : La vie sexuelle des femmes normales livre d'Elisa Brune, Rocher (2008)
Alors heureuse ? documentaire d'Ultra Violet avec Cécile de France (2010)

Voilà ! Article terminé ! Alors, heureux ? 😉

© Dessin de Philippe Geluck

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Cyril Hanouna, le looser qui a réussi

Cyril Hanouna, le looser qui a réussi

Temps de lecture : 12 min

Cyril Hanouna, le looser qui a réussi

C'est la première fois que je m'essaye à l'analyse d'une personnalité publique. Qui plus est, une personnalité dont on parle beaucoup, qui fait le buzz, dont on parle pour faire le buzz. Je ne cacherai pas que j'aimerais que l'article soit lu par le plus grand nombre. Toutefois, je me refuse à passer pour le gars qui s'est réveillé un matin en se disant "je vais parler d'Hanouna pour profiter de sa notoriété et engranger de la visite". Mon envie d'écrire sur le "petit Mozart du paf" est à la fois réfléchie de longue date et piquée d'une nécessité croissante. Pour ces raisons, je vais disclaimer comme une bête avec toutes les précautions manuscrites qu'imposent un sujet pouvant facilement se retourner contre moi, m'attirant la haine des fanzouzes et l'assaut des haters professionnels. Je connais Cyril Hanouna - par écran interposé s'entend - de longue date et n'ai pas attendu le succès de Touche Pas à Mon Poste pour m'intéresser au personnage. Je suis un spectateur régulier pour ne pas dire fidèle de TPMP depuis France 4. J'ai toujours eu une passion pour les émissions TV qui parlaient de la TV. Depuis Télés Dimanche avec Michel Denisot, je n'en rate pas une.

Je dois confesser que j'ai eu du mal au début avec celui qu'on n'appelait pas encore Baba ou l'Animal. Surtout avec son rire forcé. Puis j'ai appris à l'apprécier, me rendant compte que le surjeu était dans son ADN, qu'il ne jouait pas un rôle. L'exubérance cache souvent une grande pudeur, une carapace qu'il est difficile de percer. C'est ce que je vais tenter aujourd'hui sous vos yeux ébahis.

Le personnage a évolué depuis les deuxièmes parties de soirée le jeudi, sur France 4. Il a pris de l'importance, de l'ampleur. Il attire la ménagère de moins de cinquante ans. Il pèse dans le TV game. Cette évolution s'accompagne, à mon sens, d'un sentiment d'imposture. Fier du chemin parcouru, le petit Cyril, celui des culottes courtes et des premières blagues potaches qu'il est encore, n'en revient toujours pas d'être payé pour s'amuser, faire ou dire les mêmes bêtises, celles qui lui valaient le courroux du personnel de l'éducation nationale. Cette candeur s'accompagne d'un sentiment d'impunité dont le plafond verre ne s'applique que par la sentence des chiffres d'audience du lendemain. Comme un Carpe Diem en sursis. Ça me rappelle le film La Haine, "jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien...". Mais, attention, n'oublions pas que "l'important n’est pas la chute, c’est l’atterrissage."

Je vais engranger avec vous une liste de détails qui m'énervent chez Cyril Hanouna. Chaque point me permettra de gratter la surface, de mieux comprendre l'animateur. Parce que souvent une attitude négative, sous un nouveau jour, peut sembler attachante. Après une petite décennie d'observation, je me retrouve dans la situation du mari dans un vieux couple qui s'aime encore, pour de vrai ou par habitude. L'euphorie des beaux jours, soleil éclatant transcendant le beau, se commue en aurore ras du sol laissant apparaître jusqu'à l’exagération ces petits riens qu'on aimait tant et qui finissent par exaspérer à l'outrance. Mon angle d'analyse restera peu ou prou le même, Cyril Hanouna malgré un parcours exceptionnel ne vit sa réussite que par le prisme d'une imposture mal assumée. Tout ce que je vais prétendre est uniquement le fruit de ma réflexion, n'ayant jamais rencontré l'homme. Je vais faire penser l'Animal comme je l'imagine. Sans doute, vais-je exagérer, parfois me tromperai-je, mais si je partage ces réflexions avec vous c'est que j'estime qu'elles ne doivent pas être trop éloignées du bol de sangria et qu'à défaut, elle pourront engendrer un débat que j'appelle de tous mes vœux calme et posé. Je dis ça mais si ça se trouve, l'article ne sera lu que par les membres de ma famille dont la plupart se foutent comme de leur première chemise du Pakistanais du Poste. On s'enflamme, on s'enflamme...

Je sais !

Les plus âgés d'entre vous connaissent la chanson de Jean Gabin aux paroles magnifiques. Elle commence par ces vers "Quand j'étais gosse, haut comme trois pommes, J'parlais bien fort pour être un homme, J'disais, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS". Assez régulièrement, quand un invité ou un chroniqueur balance une information, Cyril Hanouna répond instinctivement "je sais !" C'est souvent trop instincfif pour être réfléchi. On connait le côté mauvais joueur de celui qui considère la défaite comme une impossible option. On y reviendra. Voulant garder son statut, il s'interdit de montrer la moindre baisse de régime. Il se doit d'être celui qui maîtrise l'information dans ses émissions. Il est l'animateur, le producteur. Il ne peut être pris au dépourvu. Les scoops, ceux de Maxime Guény comme des autres chroniqueurs, doivent d'abord passer par lui avant d'être offert au public. Il ne peut être pris à défaut. Alors qu'il sache ou pas, il affirme qu'il sait. Ne pas savoir n'est pas une tare, un défaut dans la cuirasse, sauf si dans son for intérieur, connaissant sa propre inculture, on a peur de l'image que ça pourrait renvoyer. Le moteur de l'émission, c'est l'information, de préférence exclusive, le scoop. Asséner savoir, c'est conforter son omniscience. En télé, l'image est plus forte que la vérité. Même si la vérité est un des créneaux de TPMP.

Lire c'est refuser de mourir

In fine, Cyril Hanouna est un exemple pour les jeunes qui le regardent. Cela implique des obligations dues à sa forte audience, à son influence. Et que ça me gonfle quand il porte au pinacle le statut de cancre ! Ne pas être littéraire, ne pas aimer la lecture, ne doit pas empêcher de respecter la chose écrite. Aimer son public, c'est aussi vouloir le meilleur pour lui. Lire est une des plus belles façons de s'extraire de son quotidien. Il n'y a pas que la gaudriole, le jet de matières colorés ou l'absorption de liquides douteux pour téléporter les foules au dehors du quotidien. Vous remarquerez que je n'ai pas mis de majuscule à "quotidien". Il y a bien Géraldine Maillet qui, un temps, tenta la promotion de livres mais elle s'essouffla devant l’insuccès de ses tentatives répétées. Le public jeune est cher au cœur de Baba. Au lieu de lui proposer ce qu'il a envie, de se mettre à son niveau, l'amener vers de nouveaux horizons me semblerait bien plus beau.

La cancritude

Ça pourrait être le titre d'une chanson interprétée par Oldelaf. Le cancre, c'est celui qui ne peut, ou ne veut, se hisser aux premières marches de la classe, celui qui refuse d'apprendre ses leçons, qui se plait à sortir des carcans du respect dus au professeur, allant jusqu'à tricher par facilité, pour éviter les remontrances parentales. Régulièrement, Baba met en scène sa cancritude en assumant son inculture. La réponse à une question posée par un des chroniqueurs lui arrive par un subterfuge souvent drôle et délirant. Je ne vais pas bouder mon plaisir, j'aime bien ces séquences. Enfin, je les aimais au début. Même si elles se font plus rares, la question de l'influence et de l'exemple se pose à nouveau. Bien sûr, il ne faut pas prendre le spectateur pour un abruti. Bien sûr, il n'est pas dupe de la blague et du second degré. N'empêche, aussi intelligent soit-on, quand on entend dix fois par jour une chanson bien nulle à la radio, on finit par la fredonner à son corps défendant. Les messages envoyés "lire, c'est surfait", "tricher c'est cool" sans le contrepoint, le parfait contre-exemple, me semblent problématiques. je n'irais pas jusqu'à jouer les vieux cons, les réacs, en trouvant cela dangereux, cependant, un certain niveau de notoriété s'accompagne d'une solide réflexion sur les effets de ce qu'on peut produire sur la jeunesse.

Je mets tout de suite un bémol à mes propos, je suis persuadé qu'il n'y a aucune volonté néfaste à la récurrence de ces séquences, que seul l'amusement prime. Que les donneurs de leçons sont chiants par définition. Que si on devait réfléchir à tout, on ne ferait jamais rien. Que le contexte est aussi important, si ce n'est plus, que la blagounette. N'empêche, comme on dit (presque) chez Marvel, de grandes audiences impliquent de grandes responsabilités.

L'enfance

J'en viens au cœur de mon propos. Je pense que la vie de Cyril Hanouna peut se diviser en trois parties. L'enfance qui durera bien au-delà de l'adolescence, les années galère à se retrouver coincé devant son écran TV toute la journée à attendre la sonnerie d'un téléphone aphone, et les années succès depuis son arrivée sur D8, puis C8. Je pense qu'en ne peut analyser cette dernière qu'à l'aune des deux premières. Résumons ces trois périodes par l’insouciance, la loose et la revanche.

Ce n'est à mon sens pas un hasard si la plupart des anecdotes que distillent Cyril Hanouna se situent dans son enfance. Ce sont les années heureuses, les années références, les années formatrices. Quand d'autres grandissent, murissent, pourrissent parfois, Baba s'en inspire, s'en réclame, s'en éloigne le moins possible. Il balance régulièrement des vrais noms, ceux de ses copains d'école, de ses professeurs. Certaines des séquences récurrentes de TPMP trouvent leurs racines dans les années collège comme le Conseil de classe. Plus qu'une période bénie, c'est celle avant le drame, avant la loose. Le moment où il a perdu son mojo, où il a perdu, tout simplement. Sans parler de traumatisme, pour quelqu'un qui n'aime pas perdre, le temps d'inactivité forcée, du silence radio des professionnels de la profession, de l'incapacité à prouver de quoi on est capable, est au mieux un mauvais souvenir. Avec un leitmotiv lancinant, "plus jamais ça !"

Mauvais joueur

Un des exemples flagrants du "plus jamais ça !", c'est cette incapacité qu'a Cyril Hanouna à la moindre empathie quand celui qui se retrouve en face de lui n'est plus un humain mais un concurrent. Je ne prétends pas qu'il est mauvais joueur depuis sa mauvaise passe professionnelle mais je suis intimement persuadé que cette dernière a renforcé cet aspect de sa personnalité. Ne jamais oublier que les bons joueurs gagnent autant, si ce n'est plus, que les mauvais joueurs. La rage de vaincre ne doit pas faire oublier le respect, celui des règles et de son semblable de l'autre côté de la table de ping-pong. Je dois avouer que ça pique un peu quand, en direct, mon gars Cyril modifie quasi systématiquement les règles d'un jeu - dont on rappel que l'enjeu est minime - pour le simple fait de se mettre en avant, en valeur, d’atteindre la première marche du podium. On pourrait imaginer que son statut de vedette, de roi des audiences, le mette à l'abri des petites mesquineries dont il fait preuve pour gagner. D'autant qu'il a des atouts, le bougre. Ce n'est pas un être diminué qui veut sa place au soleil. Souvent, il est bon, très bon même. Il ne veut pas être Calif à la place du Calife puisqu'il l'a déjà. Mais voilà, deuxième phase de vie, "plus jamais ça !"

Si on accepte comme correcte ma théorie, le sale con qu'il parait aux yeux de certains n'est finalement qu'un Animal apeuré tenant à sa place et ne voulant surtout pas la perdre. Plus jamais ça. L'humain derrière l'animateur. Mais c'est sans compter sur - on y revient - le devoir d'exemplarité des personnalités. La mauvaise influence qu'il sécrète par son attitude, certes à son corps défendant, peut être préjudiciable.

Monseigneur est le plus Grand de tous les Grands d'Espagne

L'animateur de Touche pas à Mon Poste n'est pas dupe. Même si son aura opère tous les soirs sur C8 depuis des années, il sait que tout peut s'écrouler du jour au lendemain. Je ne ferai aucun parallèle douteux entre les deux individus, mais il suffit de voir à quelle vitesse l'étoile d'Harvey Weinstein s'est ternie pour se rendre compte de la fragilité des trônes d'airain. Pour se rassurer, Cyril Hanouna se complait dans une certaine flatterie. Quand Mia Frye s'extasie devant lui en le comparant à un animal, cela légitime le nouveau surnom de Baba. Aucune gène à ce que ses chroniqueurs lui lèche les griffes, Jean-Michel Maire en tête. Par ailleurs, quand des journalistes ou des twittos s'en prennent à lui, souvent sa réponse est de dire qu'ils critiquent parce qu'ils ne connaissent pas l'émission. Ce qui sous-entend qu'on ne peut détester si on connait. On passe de la flatterie à la caresse auto-érotique. Ce qui peut sembler agaçant devient finalement touchant quand on estime que c'est un manque de confiance en soi et une peur de retourner en case deux qui s'expriment.

L'obligatoire réciprocité

Je vais très vite passer sur ce point, prolongement du précédant. J'ai remarqué qu'assez souvent, Cyril Hanouna en parlant d'un artiste, ne dit pas "je le kiffe" mais "on se kiffe". C'est étonnant comme façon de faire montre de son admiration. Il inclut, de fait, la notion de réciprocité, donc d'égalité dans le talent, la notoriété, le prestige. Le message inconscient qu'il fait passer est qu'il est plus qu'un présentateur télé, il est un artiste, comme ceux qu'il admire. Ils sont frérots. De la même famille, celle de don, du génie. Le moins qu'on puisse dire, c'est que Baba ne joue pas l'humilité. C'est sans doute aussi la période qui veut ça. Toute cette nouvelle génération de chanteurs et de rappeurs qu'il affectionnent tant et qui s’encensent à longueur de sons. Dans le même esprits, les invités demandent à venir dans l'émission, demandent à faire des happenings comme il l'a dit pour Jean-Claude Van Damme. Alors que ce dernier, d'évidence, découvrez la chose. Je n'arrive pas à comprendre cette volonté à péter plus haut que son cul quand celui-ci est en orbite.

Harcèlement consentant

Voilà qui a fait couler beaucoup d'encre à l'époque des nouilles dans le slip de Matthieu Delormeau. Cette phrase est étrange. Depuis le début de l'article, je n'ai pas aborder l'évidence. Il est temps. Cyril Hanouna est un amuseur, un drôle, un déconneur. Tout ce qu'il conçoit au sein de TPMP, sauf quand le sujet est trop grave, est marqué au sceau de l'humour. Prendre tout ce qu'il fait au premier degré serait "juste insupportable" pour reprendre le gimmick de Géraldine Maillet. Mais les téléspectateurs sont-ils tous armés du second degré nécessaire ? Baba se sent le besoin permanent de tacler ses chroniqueurs qui, pour la plupart, le prennent tous avec bonne humeur. De la pure déconne. Mais, le harcèlement scolaire, pour ne prendre que celui-là, n'est-il pas de la pure déconne pour ceux qui sont du bon côté des quolibets ? Dans harcèlement, il y a une notion de récurrence et c'est cette récurrence qui est malaisante. Mais pète un coup, pourrait rétorquer Cyril, c'est que de la télé ! Ce en quoi il n'aurait pas tout à fait tort. Le terme est fort. Quand ils sont attaqués, les chroniqueurs, se marrent pour certains, se gaussent pour d'autres. On ne peut nier le côté bon enfant. Seulement, il y a ce qui se passe sur le plateau et se qu'en retiennent les plus jeunes spectateurs pour "jouer à TPMP" dans la vraie vie.

Mais si on pense en permanence à ça, on ne fait plus rien. On se retient de tout et ça devient chiant comme la mort. C'est vrai. Et je ne voudrais pas d'une télé tiède où le politiquement régnerait en maître. Je l'ai dit en prémisse de l'article, je le redis, j'aime le présentateur, j'aime l'émission, j'aime (presque) tous les chroniqueurs et je serais triste qu'elle disparaisse de l'antenne. Je n'ai pas de solution miracle pour trouver le bon équilibre. Je constate. J'analyse basiquement avec mes modestes moyens. Je partage. Et sans doute ne serais-je pas entendu. Pas grave.

La Cour du roi

J'ai évoqué plus haut l'ego du Roi Cyril. Je ne suis pas sûr que résumer l'individu à sa grosse tête soit si simple que ça. Même si on sent de la vanité, de l'absolue certitude dans les postures de Cyril Hanouna, je ne pense pas qu'on puisse parler d'un melon aussi gros que le bœuf. Tout flatteur vit au dépend de celui qui l'écoute, dira La Fontaine dans une autre fable. Parlons de la cour, parlons des courtisans. Elle est composée des chroniqueurs, sans doute des équipes techniques, assurément du public acquis et des twitos dithyrambiques. Une blague nulle issue de la bouche de Baba fera systématiquement rire l'auditoire. Ce qui donnera au Roi de C8 le sentiment d'un humour sans faille. En même temps, tous rient de bon cœur, sans nécessairement se forcer. Je m'explique mal cette alchimie que j'ai par ailleurs remarqué en côtoyant quelques célébrités. La moindre phrase un tant soi peu rigolote provoquera rires à gorges déployés en disproportion. L'envie de faire plaisir au Roi provoque une vérité altérée rendant drôle ce qui ne le serait pas dans la bouche du voisin, du boulanger ou du beau-frère. 

L'humour nul de Baba se décline en mots-clés que je vous propose de lister. J'ai pris quelques chroniqueurs à qui j'ai associé mots ou sujets qui provoquent l'hilarité surfaite du public et des chroniqueurs eux-mêmes. Ils reviennent tout le temps. Ça devient lourd, très lourd. Et pourtant le public rit et enre demandeu :

Benjamin Castaldi : mariage et pet
Valérie Bénaïm : moustache et boulette
Gilles Verdez : bague et Fatou
Maxime Guény : puceau et précieux
Jean-Michel Maire : bafouillage et fayotage
Isabelle Morini-Bosc : grand âge et CDI
Kelly Vedovelli : Bouffe et gastro

J'aime TPMP

Qui aime bien, châtie bien. J'ai voulu écrire cet article parce que j'avais besoin d'en parler. Je ne me positionne pas dans le camp des antis Hanouna. J'aime pour la plupart, les moments que je passe devant l'écran quand il est aux commandes. J'ai voulu exprimer mon agacement en lui trouvant des circonstances atténuantes. Je me mets dans une situation où les fanzouzes vont m'en vouloir de démystifier l'Animal et où les antis de mes amis seront déçus de mon aveu final. Quant aux antis de tout poil, de toute façon, ils n'auraient pas aimé quoi que j'écrive sur le sujet.

Si vous ne voulez pas me laisser seul avec mon avis, je serai plus que ravis que vous partagiez le vôtre en commentaire dans le plus grand respect, il va sans dire.

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Jouons gaiement avec les gentilés (part 2)

Jouons gaiement avec les gentilés (part 2)

Temps de lecture : 3 min

Jouons gaiement avec les gentilés (part 2)

Le mot gentilé, nous l'avons vu dans la première partie, désigne le nom des habitants d'un lieu, d'une ville en ce qui nous concerne. Il y en a des évidents, pas de quoi fouetter un chat et concevoir une liste digne d'intérêt. Et puis il y a ceux dont on se demande pourquoi tant de haine dans un monde de brut tant le nom de la ville et de ses habitants n'a rien à voir sa mère. Au mieux abscons, au pire sadique.

Prenons un exemple de la liste précédente. Les habitants de Pamiers se nomment les appaméens. On sent bien que ce nom veut nous dire quelque chose, qu'il est à la fois proche mais pas tant que ça du nom de la ville. Plus étonnant encore, au Moyen Âge, Pamiers s'appelait Frédélas. Rien à voir. Au secours !

Chronologiquons tout cela parce qu'explication, il y a. Frédélas. Ce nom a été donné à la ville en hommage au fils du roi wisigoth Théodoric Ier prénommé Frédéric. Le fiston est mort en 463. Le temps passe, l'eau coule sous les ponts, tout ça.

Le 27 novembre 1095, le pape Urbain II appelle la Chrétienté à libérer les Lieux Saints de l’occupation musulmane. La première croisade est lancée. Roger II de Foix - qui entendons nous bien n'est absolument pas le fils de Basile été une Foix - dit "prem's" au Pape. Mais bon, l'intendance, les aurevoirs, les baluchons dans lesquels on ne sait pas quoi mettre parce qu'aucun guide des croisades n'est sorti en librairie à ce moment là - normal, c'est la première -, les "c'est toi qui raccroche en premier... non, c'est toi..." font qu'il ne part pas en même temps que Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, qui a levé une armée en partance pour la Terre sainte. Le pape est bougon. Je ne sais pas si c'est parce qu'il n'avait plus de corn flakes au petit déjeuner, s'il a mal dormi à cause de sa femme qui ronfle ou parce que son fils venait de redoubler son catéchisme, toujours est-il que mon gars Roger se retrouve excommunié. La 4G, c'était pas ça à l'époque. Pas un SMS pour le prévenir. N'étant pas au courant de sa récente disgrâce, il chevauche à bride abattue pour rattraper ses potos de baston et les rejoint après la prise de Jérusalem. Blasé. Pendant le siège de Tripoli, il tranche deux trois bras par acquit de conscience, coupe quelques têtes mais le cœur n'y est plus. Il revient chez lui en 1105. Pour se changer les idées, il fait édifier un château à proximité de Foix. Il n'a pas que des mauvais souvenirs de sa croisade. Il a pris du plaisir guerrier dans la ville d'Apamée, en Syrie. Voilà, là on commence à raccrocher les wagons. Vous vous demandiez si je ne m'étais pas perdu dans mon histoire, avouez ! Très logiquement, il nomme son château et ses dépendances du nom de ses faits d'armes, Castrum Appamiae. Puis le nom de la ville deviendra Pamiers alors que celui de ses habitants restera plus proche des origines du lieux et de son histoire.

Quant à l’excommunication de mon Roger, le clergé étant à l'époque très corruptible, il suffira de plusieurs donations à des abbayes, celles de Mazernes et de Saint-Volusien pour qu'on l'oublie. Sans doute que l'envoi d'une tonne de corn flakes à Urbain y fut aussi pour quelque chose dans cette réconciliation religieuse.

Après cette courte leçon d'Histoire, jouons gaiement avec les gentilés et cette deuxième liste. Vous vous calez devant votre écran, face à vos amis. Vous leur donnez le nom d'un habitant d'une ville française et ils doivent découvrir la ville. Ce n'est pas toujours évident mais je me suis tout de même cantonné à des villes qui pour la grande majorité sont connues du plus grand nombre. La liste est classée par ordre alphabétique des gentilés. Bon jeu !

Dacquois : Dax
Déodatiens : Saint-Dié
Dionysiens : Sainte-Adresse (et globalement de tous les Saint-Denis de France)
Douarnenistes : Douarnenez
Dracénois : Draguignan
Dryats : Saint-André-Les-Vergers
Dunois : Châteaudun
Ébroïciens : Évreux
Étretatais : Étretat
Forgions : Forges-les-Eaux
Fourasins : Fouras
Fuxéens : Foix
Gapençais : Gap
Génovéfains : Sainte-Geneviève-des-Bois
Gillocruciens : Saint-Gilles-Croix-de-Vie
Guingampais : Guingamp
Guinguettois : Bourg-Madame (sans doute pour éviter d'être vulgaire)
Haguenoviens : Haguenau
Islois : L'Isle-sur-la-Sorgue
Isséens : Issy-les-Moulineaux
Jarlandins : Château-Arnoux
Jocondiens : Joué-lès-Tours (et nom les employés de Vinci)
Jovaciens : Jouy-en-Josas
Lavallois : Laval (parce que lavallais, c'est plus compliqué, surtout sans eau)
Lédoniens : Lons-le-Saunier
Lexoviens : Lisieux
Lillot : L'Isle-d'Abeau
Limougeauds : Limoges
Longoviciens : Longwy
Lorientais : Lorient
Lourdais : Lourdes
Luchonnais : Bagnères-de-Luchon
Luziens : Saint-Jean-de-Luz

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La galanterie, une pratique archaïque ? (part 2)

La galanterie, une pratique archaïque ? (part 2)

Temps de lecture : 6 min

La galanterie, une pratique archaïque ? (part 2)

Dans la première partie de l'article, je posais la question du devenir de la galanterie, une pratique qui me semblait jusqu'à peu d'une politesse sans faille. De la synonymie à l'origine du concept avec quelques découvertes étonnantes.

L'Amour Courtois

Quel qu’en soit l'origine, tous les historiens s'accordent sur un tronc commun, l'Amour courtois, une façon d'aimer novatrice au Moyen-Âge. Courtoisie, respect et honnêteté avec sa ou son partenaire. Bien sûr, il était loin le temps de l'homme préhistorique qui trainait sa femme par les cheveux - bon, si ça se trouve, ce cliché n'a jamais existé - mais on ne peut pas dire qu'avant l'Amour courtois, la femme était considérée dans le couple. En grande partie, la faute en revient à l'église omniprésente dans tous les aspects de la vie de l'époque.

On trouve les premières traces de l'Amour courtois dans les poésies des troubadours du pays d'oc, l'Occitanie de nos jours. Il se développe à partir du douzième siècle dans des cours comme celle d'Aliénor d'Aquitaine. Bien qu'on parle de gentleman quand on évoque la galanterie, son origine est donc française. Puis, l'Europe l'adoptera. Exit les pratiques brutales tel que l'enlèvement, bonjour la chevalerie.

Plus, tard, les salons du dix-septième siècle font perdurer l'esprit. S'y réunissent sous l'égide d'une grande dame, telle Madeleine de Scudéry, écrivains et artistes qui font évoluer la courtoisie médiévale en lui insufflant plus de légèreté, voire de préciosité. C'est la naissance d’un mouvement littéraire avec les Œuvres de Monsieur Sarasin de Paul Pellisson et un discours qui théorise un nouveau mot : la galanterie.

D'où vient le mot galanterie

"Galanterie" viendrait du mot "Gale" qui, en ancien français, signifiait la réjouissance, le plaisir et l’amusement. La galanterie s’établit au départ dans un contexte de divertissements mondains avant de devenir une pratique à part entière. Par glissement, un "galant homme" devient un homme qui a le sens de l'honneur, qui se comporte avec loyauté, noblesse, générosité, sachant inspirer confiance. 

Et le gentleman dans tout ça

Le gentleman anglais est le pendant du gentilhomme français. Cette notion nait à l'époque géorgienne. Chrnologiquement, on peut tout à fait imaginer qu'elle a été influencée par les salons français du dix-septième siècle évoqué plus haut. À l'origine, un gentleman appartient à la gentry, c'est à dire à la noblesse non titrée d'Angleterre. Il se distingue par ses qualités personnelles tout autant que par son statut de propriétaire terrien - le fameux gentleman farmer - et donc n'a pas besoin de se prévaloir comme en France d'une particule nobiliaire. Il remplace le franklin, qui, au Moyen Âge, occupait le rang le plus bas de la noblesse. Tout cela est très carré, très hiérarchisé.

Voici arrivé le passage obligé d'un article du Blog de l'Impossible Dictionnaire, celui de la liste. Voici classé du moins important au plus prestigieux, les rangs de la noblesse anglaise :

Gentleman
Écuyer (Esquire)
Chevalier (Knight)
Baronnet (Baronet)
Baron
Vicomte (Viscount)
Comte (Earl)
Marquis (Marquess)
Duc (Duke)

Dans l'Angleterre victorienne (pendant le règne de la reine Victoria, de 1837 à 1901), le concept de gentleman ne se limite plus à la définition d'une classe sociale. Il acquiert des aspects moraux essentiels liés au code de chevalerie du Moyen Âge. On le définit comme un produit d'une éducation, classique mais d'esprit ouvert, reçue dans l'une des grandes public schools (Eton, Harrow, Rugby...) quelles que soient ses origines sociales. D'où le dicton anglais, "il faut une génération pour faire un Lord, il en faut trois pour faire un gentleman".

Le temps de l'hostilité

Puis arrivent les détracteurs. Selon le triptyque "On lèche, on lâche, on lynche". La bonne idée du départ commence à sentir le vent tourner. Étonnamment, pas toujours pour les mêmes raison. Au dix-huitième siècle, la galanterie est jugée trop progressiste par un certain Jean-Jacques Rousseau. Dans sa Lettre à d'Alembert, l'écrivain-philosophe s'indigne de voir les Français accorder tant d'importance à l'esprit et au jugement des femmes. JJR aussi sympathique que JR de Dallas !

Puis, au vingtième siècle, arrive le féminisme dénigrant une pratique jugée archaïque, sexiste, discriminatoire mettant à mal à l'égalité homme femme. Simone de Beauvoir, dans Le deuxième sexe écrit à propos de la galanterie qu'elle est une contrepartie héritée des sociétés patriarcales visant à maintenir la femme dans son état d'asservissement.

Pour Peter Glick et Susan Fiske, deux chercheurs en psychologie sociale, la galanterie est une forme de sexisme bienveillant, plus insidieux que le sexisme hostile avec cependant les mêmes effets. Ils sont rejoints par Marie Sarlet et le professeur Benoît Dardenne de l'Université de Liège qui précisent qu'il est plus facile de maintenir des inégalités à travers une influence bienveillante et persuasive qu'en usant de moyens plus hostiles.

La galanterie vue par mes amis Facebook

Le fait de m'être posé la question, d'avoir effectué des recherches pour cette série d'articles, d'avoir synthétisé ce que j'ai appris sur le sujet de la galanterie, m'a ouvert les yeux. Cela m'a également amené à penser que les traditions, si elles ne sont plus en adéquation avec l'époque, doivent se perdre dans l'Histoire et ne pas perdurer. Un peu sous vos yeux, j'ai évolué dans ma pensée et dans mes certitudes. Je pense que je serai un peu meilleur au moment où je poserai le point final de cet article. Et j'aime ça !

Il y a cependant une phase dont je ne vous ai pas parlé et que j'aimerais partager avec vous. Avant de me lancer dans la rédaction de l'article, j'ai mis à contribution ceux qui me suivent sur Facebook en leur posant la question suivante : "J'ai une vraie question à laquelle je n'ai pas de vraies réponses : la galanterie est-elle, de nos jours, une forme de machisme, voire de sexisme ?"

Globalement, la réponse a été un grand oui. Et elle ne venait pas que des femmes. Il y a toutefois eu des avis féminins contraires : "Perso, j'aime les macho et j'aime les hommes galants. Le féminisme poussé à l'extrême est, à mon humble avis, ridicule."

Il a été question de "discrimination positive", de "forme abusive de politesse", de "très vieille France".

L'exemple de la porte tenue est revenu très souvent, chacun précisant qu'on pouvait tenir la porte à toute personne sans distinction de sexe, de la pure politesse, sans notion courtoise ou galante.

Des commentaires mettaient à mal ce que l'inconscient collectif qualifie de galanterie : "Le savoir-vivre et le bon-ton commandent à l’homme d’entrer en premier dans les lieux de restauration et d’ablution."

J'ai également reçu une info que je qualifierai de complotiste ne lui ayant pas déniché d'origine vérifiée dans mes recherches : "Quand on sait que ça a été inventé pour que ce soit les femmes qui prennent les coups de couteau dans le dos des assassins cachés derrière les portes au lieu des hommes..."

C'est bon de rire parfois

Le mauvais esprit qui sommeille en moi, sentant la fin de l'article, se sent l'obligation de préciser que parmi les exemples qui ont été cités dans les commentaires, aucun n'a abordé l'homme qui paye l'addition, qui offre des fleurs ou qui prend en charges les dépenses féminines. Cette part de la galanterie semble acceptable par une partie de la gente féminine, considérant sans doute qu'elle réunit plus d'avantages que d'inconvénients. Toutefois, comme par définition le mâle est radin, voilà peut-être le biais à utiliser pour faire passer le message et changer les mentalités machistes. 😉

Parce qu'il est bon de conclure par un sourire, je terminerai cette revue de commentaires de façon plus légère avec deux participations qui m'ont bien fait rire. Cette fois, je cite les noms parce que ce sont deux auteurs que vous connaissez peut-être.

Serge Scotto
Je pense qu'un honnête homme, vis-à-vis de lui-même se doit de renoncer désormais à toute galanterie... Ça va être dur en ce qui me concerne, question d'éducation, mais l'avantage c'est qu'au prochain naufrage du Titanic on n'aura plus besoin de laisser passer les femmes d'abord pour les canots de sauvetage.

Erik Wietzel
Moi je fais des croche-pattes à tout le monde, surtout aux plus faibles : ils ont plus de mal à me rattraper. Quant aux canots de sauvetage, eh bien je monte en premier dedans, avant même les prémices d’un naufrage, et je le mets à l’eau direct - ce qui m’a valu bien des déconvenues quand il a fallu effectuer une croisière à la rame en solitaire au lieu de lézarder peinard sur le pont au milieu de passagères dont j’aurais pu écraser les orteils ou, mieux encore, les doigts dans les portes revolver qui mènent au dancing.

Sources : Wikipédia, cnrtl.fr

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Les mots qui ne s'écrivent pas comme ils se prononcent

Les mots qui ne s'écrivent pas comme ils se prononcent

Temps de lecture : 2 min

Les mots qui ne s'écrivent pas comme ils se prononcent

Ils sont partout. On les utilise régulièrement. Mais parfois, parce qu'on ne les connait pas ou qu'on est candidat d'une émission de télé-réalité, on ne les prononce pas comme il faut. Il faut dire qu'il sont fourbes, un peu comme des caméléons linguistiques ou des phasmes lexicaux. Ils s'écrivent d'une façon et se prononcent d'une autre.

On se souvient du "time" de la liste de courses qu'était en train de lire Kamel dans Loft Story. Du thym, bien sûr. Plus vicieux et plus ancien, il y eu l'affaire "de Breuil". J'étais minot, c'était en 1976. J'entendais cette histoire d’assassinat aux actualités. Mais c'est plus tard que j'en ai appris l'écriture. Vous allez rire, ce fut grâce à Coluche : "Affaire Debreuil. Ça s’écrit "de Broglie". C’est des noms de faux-jetons, ça s’écrit pas comme ça se prononce. C’est comme les Russes, sur le maillot, y’a écrit CCCP... Au lieu d’URSS, les Mexicains, y croyaient que c’était "CourouCouCou Paloma". Comme quoi, je me tue à vous le faire comprendre à longueur d'articles, la culture est partout, même dans des sketchs humoristiques.

Je vous en lâche un autre que j'ai appris il n'y a pas si longtemps. La marque de couteaux Laguiole se prononce "layol". Faut le savoir, hein !

J'ai tenté de trouver le mot caractérisant cette particularité sans succès. Peut-être ai-je mal cherché. Je propose d'inventer le terme en l'appelant "mot disphonique". De "dis" du latin signifiant "séparation, négation" et de "phone" du grec signifiant "voix, prononciation". On le balance à l'Académie Française ? 😉

Dans la liste qui suit classant 33 mots par ordre alphabétique, je n'ai pas pris en compte la non-prononciation de la dernière lettre ni les noms propres. Si vous en connaissez d'autres, n'hésitez pas à les soumettre en commentaire et je me ferai un plaisir de les ajouter à la liste. Chaque mot est suivi de son double moins faux-jeton, écrit comme il se prononce.

Acupuncture : Acuponcture
Adéquat
: Adécoua
Amygdale
: Amidale
Août
: Oute
Appendicite
: Apindicite
Baptême
: Batême
Cacahuète
: Cacaouète
Chaos
: Kao
Charisme : Karisme
Choral : Koral
Chrysanthème : Krizantème
Clown : Cloune
Compte : Conte
Consensus : Consinsusse
Eczéma : Èguezéma
Examen : Examin
Faon : Fan (pas comme les groupies)
Femme : Fame (pas comme le film ou la série)
Fuel : Fioul (d'ailleurs cette dernière orthographe est de plus en plus utilisée)
Longtemps : Lontan
Magnat : Mania
Moelleux : Moileu
Monsieur : Meussieu
Oignon : Onion (comme en anglais mais juste pour l'écriture)
Paon : Pan (mais sa chasse est interdite)
Saoul : Soul (qui veut dire âme en anglais)
Seconde : Segonde
Sempiternel : Simpiternel
Soixante : Soissante
Solennel : Solannel
Susurrer : Sussurer
Vraisemblable : Vraissemblable
Yacht : Yote

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Moustache, Histoire et challenge

Moustache, Histoire et challenge

Temps de lecture : 8 min

Moustache, Histoire et challenge

Je me demande ce qui s'est passé dans la tête du premier homme qui s'est décidé à se laisser pousser quelques poils sous le nez pour voir ce que cela allait donner. D'autant que, si ça se trouve, les miroirs n'existaient pas encore à l'époque voire peut-être est-ce en se rasant le reste du visage que la moustache est née.

En fait, il n'y a jamais de premier homme, de génération spontanée. Il n'y a pas le précurseur et ceux qui subissent ensuite. C'est une vue de l'esprit. Tout est longue et lente évolution menant à un résultat. N'empêche, la première femme qui a vu le premier homme se promener nonchalamment près de la rivière, en se la pétant comme un Dieu, la moustache au vent, a dû bien se marrer.

Quand on a l'idée saugrenue de faire une recherche sur la moquette sous nez du côté de chez Wikipédia, on passe sans transition et dans le plus grand des calmes des Carolingiens à la Première Guerre mondiale. Autant dire que le sujet ne passionne pas l'internaute. Pourtant, je vous ai dégotté quelques anecdotes pas piquées des hannetons et, surtout, lisez bien l'article jusqu'à son terme, j'aurai besoin de vous pour lancer un nouveau challenge de mon cru.

Proverbes poilus

Dans Une famille d'Europe : Récit historique de Jean-Robert Pitte, un proverbe qu'utilisaient les allemandes au dix-neuvième siècle disait "Ein Kuss ohne Schnurrbart ist wie Suppe ohne Salz", en français, "un baiser sans moustache est comme une soupe sans sel".

Découvrons quelques autres proverbes et citations du même poil :

Un baiser sans moustache est comme un beefsteak sans moutarde. (Proverbe italien)
L’amour sans jalousie est comme un Polonais sans moustache. (Proverbe polonais)
Tous les mots sont fins quand la moustache est fine. (Edmond Rostand dans Cyrano de Bergerac)
Un homme sans moustaches, c’est comme une femme avec une moustache. (Anton Tchekhov dans Calepin)

L'effet Brigade du Tigre

Connaissez-vous les hirondelles, ces agents qui patrouillaient respectivement en couple et en bicyclette ? "Elles" ont commencé à déambuler dans les rues parisiennes dès 1901 grâce à l'initiative du préfet de police de l'époque, un certain Louis Lépine, celui-là même à qui on doit le concours du même nom. Leur silhouette capée noire rappelle en effet les oiseaux qui ne font pas le printemps mais leur nom est dû à la marque de leur vélo "Hirondelle" fabriqué par la célèbre manufacture de St Étienne, Manufrance. Avec trois brigades par arrondissement, la ville comptait 2819 policiers sur petite reine en 1950. Leur but était de rassurer les habitants par leur présence, des vigies sur roues en quelque sorte. La moto remplaça le vélo, les hirondelles disparurent en 1984. Pendant longtemps, quand le cinéma ou la télé nous les montrait, on les affublait quasi systématiquement d'une belle moustache. La raison est historique.

En 1832, la moustache devient obligatoire pour tous les militaires, gendarmes compris. A l'époque, on ne s'écriait pas encore "22, v'là les keufs !" mais "attention, v'là les moustaches !". En 1936, petit rétropédalage, seuls les hauts gradés de l’Armée sont autorisés à la porter. Une décision qui provoque colère et indignation. Cinq ans plus tard, sous le ministère du maréchal Soult, les gendarmes recouvreront leur droit - et l’obligation à nouveau - de porter la moustache, ceci jusqu’en 1933. En tout, ce sont pas moins d'une quinzaine de circulaires ministérielles qui ont réglementé la moustache du gendarme. C'est dire si le sujet accaparait le législateur. Depuis, l'inconscient collectif continue d'associer le poil sous tarin au corps militaire. Souvenez-vous du Marcel Patulacci des Inconnus "brigadier-chef et agent de la paix avant tout". Mais l'exemple télévisuel le plus connu, c'est la série Les Brigades du Tigre qui raconte la création et la vie de la première brigade de police motorisée de l'Histoire instaurée en 1907 par Georges Clemenceau, le ministre de l'Intérieur de l'époque qu'on surnommait "le Tigre", un animal à qui on n'a pas envie de titiller les moustaches.

La moustache la plus célèbre des jeux vidéos

On ne présente plus Mario, le célèbre plombier apparu pour la première fois en 1981 dans le jeu électronique Donkey Kong. Petit aparté, vous savez pourquoi le singe s'appelle ainsi ? C'est rigolo, vous allez voir. Shigeru Miyamoto, le concepteur du jeu, n'était pas un bilingue absolu. Il voulait nommer son gorille en référence au plus grand d'entre eux, King Kong. Il enlève le "roi" pour le remplacer par une caractéristique du lanceur de tonneau. Il sera "donkey" ce qu'il traduit par "têtu". Donkey Kong, singe têtu. Hormis le fait que "singe" se traduit par "monkey", "donkey" signifie "âne". Bon, on est dans la nuance, n'empêche que quand le gars a présenté le jeu aux dirigeants de Nintendo of America, ils se sont bien marrés. Mais finalement, le nom est resté.

Revenons au plombier éviteur de tonneaux et sauveur de princesse. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi Mario portait la moustache ? Pour accentuer sa nationalité italienne ? Pour lui donner un genre ? Pour qu'il soit reconnaissable ? La vérité est plus pragmatique et, pour tout dire, technique. A l'époque, la résolution des jeux est très limitée et, aussi étonnant que cela puisse paraitre de nos jours, il était difficile de dessiner une bouche. Trop fine, on ne la reconnaissait pas, trop grosse, ça ne ressemblerait plus à rien. La solution fut aussi lumineuse que pileuse. Mario arborera une belle bacchante pour éviter de lui dessiner une bouche.

La moustache de nos jours

Le retour de la moustache depuis quelques années, et du poil sur visage de façon générale, est dû aux hipsters. Un mouvement qu'il me plairait de disséquer dans un prochain article, donc, je ne m'étendrai pas sur le sujet. On peut également parler de la très bonne initiative intitulée "Movember", "Mo" pour "moustache" et "vember" pour novembre. L'idée est de se laisser pousser du poil sous le nez pendant tout l'avant-dernier mois de l'année pour sensibiliser l'opinion au cancer de la prostate. Alors oui, c'est vrai qu'on n'est pas dans le même hémisphère corporel mais se laisser pousser les poils du sif est quand même moins visible vous l'admettrez.

Les différents types de moustache

Malraux écrivait que “La Joconde sourit parce que tous ceux qui lui ont dessiné des moustaches sont morts.” La vraie question est de savoir quel type de moustache dessiner à Mona Lisa lors de votre prochaine visite au Louvre. Oui, je sais, la transition est tirée par la moustache mais on arrive sur la deuxième partie de l'article et je voulais absolument placer la citation. On fait ce qu'on peut.

Voici donc la liste tant attendue des moustaches les plus courantes que j'ai piqué au championnat du monde de barbes et moustaches :

Moustache en chevron : raide, assez épaisse et large pour mordre légèrement la ligne de la lèvre supérieure. La fameuse moustache de Magnum (Tom Selleck) ou encore de Freddie Mercury.

Moustache en croc : fine dont les pointes recourbées remontent brusquement comme celle du peintre Salvator Dali ou d'Hercule Poirot (David Suchet)

Moustache à l'anglaise : fine, longue et droite, divisée en deux, les pointes montantes légèrement bouclées vers le haut. Souvenez-vous du Cerveau dans le film du même nom (David Niven)

Moustache à la française : comme la précédente mais avec les pointes montantes plus arrondies

Moustache en trait de crayon : courte et étroite, coupée, qui suit la ligne de la lèvre supérieure. La moustache de Zorro (Guy Williams) ou de Clark Gable

Moustache Fu Manchu : très longue, les poils au-dessus des coins de la bouche laissés poussé pour retomber autour de la mâchoire et dépasser les contours du visage très (trop) utilisée pour stéréotypées les méchants chinois dans le cinéma d'antan comme dans le film "Flash Gordon". C'est aussi la moustache de Sam le pirate

Moustache en fer à cheval : pleine qui se prolonge tout autour de la bouche. Une "Fu Manchu" mais plus épaisse et non rasée au niveau de la mâchoire. Le seul représentant qui me vient à l'esprit, c'est le lutteur/acteur Hulk Logan

Moustache en guidon : fournie au milieu et effilée sur les extrémités, elle remonte légèrement de part et d’autre de la bouche. Par exemple Bourvil dans l'excellent film sur une course de vélo justement "Les Cracks"

Moustache à l'impériale : épaisse, s'étendant de la lèvre supérieure vers les joues où elle rebique vers le haut. En vogue sous l'empereur Napoléon III

Moustache à la mexicaine : broussailleuse, elle dépasse la commissure des lèvres pour qu'elle encadre la bouche comme celle de Pancho Villa

Moustache à la hongroise : épaisse et broussailleuse, elle tombe au-dessus de la bouche et ses pattes remontent jusqu'aux tempes

Moustache à la gauloise (ou moustache morse) : épaisse et broussailleuse, elle tombe au-dessus de la bouche mais ses pattes retombent. La moustache d'Astérix, quoi !

Qui relèvera le défi ?

J'ai gardé un type de moustache pour la fin. Pour tout vous avouer, je n'ai écrit cet article que pour cette dernière partie. Parlons un peu de la Moustache en brosse à dent. Épaisse et carrée, elle a très populaire au début du vingtième siècle en Europe. Son raccourcissement "moderne" change complètement des épaisses bacchantes de l'Allemagne de Guillaume II. Hans Koeppen, fringant soldat allemand et pilote automobile, arborait cette moustache "caractéristique de sa classe" selon le New York Times.

Elle orne les dessous de nez de grandes stars du grand écran qui fait rire comme Charlie Chaplin et Oliver Hardy, le compère de Stan Laurel. En 1925, le jeune Walt Disney s'approprie la moquette carrée sous nez pour paraître plus vieux en réunions d'affaires.

Et vint le drame. L'arrivée du petit peintre à la tête de l'Allemagne. Celle qu'on appelait affectueusement Chaplinbart, celle qui nous faisait marrer, se retrouve associée à la deuxième guerre mondiale, aux camps de concentration, à la barbarie humaine. On prête au petit brun gammé cette phrase suite à la remarque d'Ernst Hanfstaengl, soutien financier d'Hitler, qui l'exhortait d'abandonner cette "horrible" moustache : "si elle n'est pas à la mode aujourd'hui, elle le sera plus tard, parce que je la porte". Un melon avec une petite moustache, quoi !

Le nazisme a tué la moustache en brosse à dent. Une mort, certes, anecdotique en comparaison des vraies morts, l'équivalent de la population de la France d'aujourd'hui disparue à jamais. Mais le symbole, merde, quoi !

En 2010, Michael Jordan a tenté de la réhabiliter mais, après avoir été surnommé "Herr Jordan", il a abandonné l'affaire à grand coup de rasoir.

En 2013, preuve que la chose est sensible, une théière qui ressemblait trop à Hitler avec une anse en mèche, un bec verseur en main tendue et une petite poignée en moustache - faut quand même avoir l'imagination bien perchée - a déclenché la polémique.

Il y a quelques années encore, Robert Mugabe, président du Zimbabwé, faisait fi des remarques et autres moqueries en continuant de porter le ticket de métro nasal. Pas de bol, c'était un dictateur.

N'empêche qu'on ne m'enlèvera pas de l'esprit que cette drôle de mode, cette pilosité rigolote a perdu une spiritualité qu'elle aurait dû conserver. Il est un combat que peut-être - si vous m'abandonnez - je mènerai seul. Il est futile, frivole, badin. Qu'importe, appelez-moi David Badin si vous voulez mais pour le sport, le fun, et un profond mépris du politiquement correct, je lance le #challengemoustache avec un slogan : "Faisons que l'humour soit plus fort que l'horreur". Prenez un selfie moustache, remplacez ma photo par la votre sur l'un des deux bandeaux ci-dessous avant de le partager sur vos réseaux sociaux. La gente féminine pourra utiliser un morceau de papier noirci ou un bout de peigne noir.

Le blog n'est pas très lu, ma sphère d'influence est réduite pour ne pas dire quasi inexistante, je vais assurément être ridicule si je suis seul, qu'importe. Le challenge est lancé ! Et, accessoirement, c'est la première fois que vous me voyez en photo, pas à mon avantage; on est d'accord. On n'a qu'une vie. Ne la prenons pas au sérieux.

Source : Wikipédia, evene.lefigaro.fr, www.pariszigzag.fr, www.artdubarbier.com, hitek.fr, slate.fr, bigbrowser.blog.lemonde.fr

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Il ne vous intéresse sans doute pas plus que ça mais une bonne nouvelle tombée cette semaine m'impose le sujet de cet article, moi.

Commençons par the good news. J'ai écrit une courte nouvelle - environ trois minutes à la lecture - qui a été retenue pour participer au Grand Prix du court version printemps 2019 du site Short édition. Bon, parmi quelques centaines d'autres, hein, c'est pas un exploit ! Mais ça fait bigrement plaisir. Maintenant, ce sont les votes, vos votes, qui vont décider de la place qu'obtiendra le texte. Clairement, ce sera l'auteur à la plus grande communauté et non celui faisant montre du plus grand talent qui aura toutes ses chances. Mais, bon, un judicieux mélange des deux, c'est pas mal non plus.

Si un jour, pirate que vous êtes, vous avez l'occasion de farfouiller dans mon disque dur, vous tomberez sur un dossier intitulé "Textes, idées et histoires". Il regroupe des tonnes d'idées de fiction sous toutes formes, des débuts de textes, des phrases et quelques nouvelles abouties dont certaines ont été éditées dans divers recueils. Je suis un nouvelliste. J'aime le court. L'Impossible Dictionnaire en est l'exemple le plus flagrant. Je suis obsédé textuel tendance éjaculateur précoce. Je prends vite plaisir à finir une histoire. À plusieurs reprises, j'ai tenté le long mais rien n'y a fait. Ça s'appelle aussi une grosse feignasse.

Le temps est arrivé du passage obligé de la liste avec les livres ou recueils auxquels j'ai participé, cela va d'une série de définitions pour les trois premiers bouquins aux nouvelles pour les autres :

Le Dictionnaire des verbes qui manquent - Tome 1 - Les éditions du même nom (2009)
Le Dictionnaire des verbes qui manquent - Tome 2 - Les éditions du même nom (2010)
Le Dictionnaire des verbes qui manquent  - Chiflet&Cie (2010)
L'Exquise Nouvelle - Éditions La Madolière (2011)
Les 7 petits nègres - L'Exquise Nouvelle saison 2 - In Octavo édition (2013)
Les Aventures du Concierge Masqué - L'Exquise Nouvelle saison 3 - L'Exquise édition (2013)
Projet.Ayiti15-812 - Editions 1/4 hibou (2014)
Les 13 meilleures façons de faire faillite - Éditions du fil à retordre (2013)
Gun Club, 24 histoires pour Jeffrey Lee Pierce - Camion Blanc (2015)
Motörhead, 24 histoires pour Lemmy - Camion Blanc (2015)

Je me demande si, un jour prochain, je ne sortirai pas toutes ces nouvelles retravaillées dans un recueil, peut-être en y ajoutant quelques inédits pour faire la claque et enfin avoir mon seul nom sur la couverture. Je me tâte. Et j'aime ça.

Depuis 2015, l'envie d'écrire des nouvelles m'avait lâché. Presque en même temps que ma boulimie de lecture. C'est souvent lié. Je continuais, parfois, à écrire plus des chroniques perso que des nouvelles pour mes amis Facebook. Sans grand lectorat. C'est que même quand on fait court en comparaison d'une nouvelle, c'est beaucoup trop long pour les réseaux sociaux. Facebook, c'est comme le bottin, tu lis trois lignes et tu décroches. Les moins de vingt ans s’interrogent sur le mot que je viens d'utiliser. C'est quoi un bottin ? Le seul livre à l'époque où tout le monde avait la chance de pouvoir trouver son nom.

Puis un jour, je me suis dit que ça pourrait être une bonne idée de reprendre une partie des textes perdus dans le grenier de Mark Zuckerberg. J'ai créé un avatar, David Hey Ho. Je lui ai offert un site internet. Et depuis, des textes selon l'humeur du moment y trouvent refuge avec une audience encore plus confidentiel mais dans un bel écrin.

Il y a quelques jours, je reçois le mail d'un auteur dont j'apprécie particulièrement le style, Henri Girard, qui me propose de voter pour son texte, Les Ânons du Panurge. Je lis. J'adore. Je vote. Pour cela, il me faut me connecter. J'ai un compte. Je m'exécute. Après avoir donné la note maximale, la nouvelle le mérite amplement, je me rends sur mon profil pour y découvrir deux textes dont j'avais oublié l'existence, que j'avais déposé là, négligemment, il y a trois ans. Au moment où j'ai arrêté d'écrire des nouvelles. Je n'y étais plus revenu depuis. Peu de lectures, une trentaine tout au plus, et aucun coeur allumé prouvant le plaisir des mots lus. D'un œil vierge de tous souvenirs, j'explore le texte intitulé "Serial Sticker". Je ne le trouva pas si mal. Injustice. Un mot qui me vient comme ça. L'agencement des mots, l'histoire, la façon dont on découvre progressivement de quoi il en retourne. Je sens pourtant qu'il manque le petit plus qui donnera une épaisseur à l'action, au personnage. Dans Top Chef, on aurait dit "le plus plus qui fera la différence et donnera du peps à mon histoire". Je suis prêt, telle Pénélope, à défaire la trame de mon histoire pour en tisser une nouvelle, y ajoutant un ou deux fils précieux. Cette seconde version nait dans l'heure. Et c'est ce texte pour lequel vous pouvez désormais voter. Pour continuer à filer la métaphore culinaire, si, grâce aux nouveaux ingrédients, vous vous régalez à la dégustation de mon plat signature, offrez lui les étoiles qu'il mérite.

Promis, dans le prochain article, je ne vous mettrai plus à contribution et je ne parlerai pas de moi. 😉

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