Les Amérindiens dans notre quotidien (part 1)
Est-ce qu'utiliser "peau-rouge" pour dire indien est raciste ? De but en blanc, je dirais non. Parce que cette expression fait partie de ma vie, parce que je suis né dans les années 60, parce que je l'ai entendu dès mon enfance dans des films ou des séries, parce que je ne l'ai jamais analysée comme dévalorisante. Quand j'entends dire qu'une fille est canon, je ne pense pas à la guerre. Quand je dis "Oh la vache !", je ne pense pas à l'animal. L'habitude anesthésie la réflexion et par certains côtés c'est tant mieux. On ne pourrait jamais se régaler d'un bon repas si chaque bouchée s'accompagnait d'images de la faim dans le monde. On ne pourrait jamais faire l'amour si à chaque position on imaginait la détresse d'un être violé sexuellement. On ne pourrait jamais devenir parent si on imaginait mettre au monde un enfant destiné à mourir un jour. Nos œillères psychologiques nous aident à avancer plus sereinement, à vivre tout simplement. Notre égoïsme nous permet d'être heureux, un peu, suffisamment.
Et puis, il y a les Social Justice Warrior, moitié Zorro moitié haters. Ceux-là se sont donnés comme mission de défendre quoi qu'il en coûte des causes, des humains, des animaux. Si l'acte est noble, les effets de leur surenchère peuvent être dévastateurs. Warrior, quoi ! Sans parler d'eux explicitement, ma série d'articles sur la galanterie (part 1 | part 2) découle typiquement du combats de JSW. J'ai changé d'avis parce que des habitudes que je pensais courtoises m'ont pété à la gueule. Je sais qu'il faut évoluer, que les mentalités doivent bouger, que la bonne volonté n'est pas une excuse à des pratiques devenues archaïques. Depuis, j'hésite à être prévenant avec la gent féminine, à tenir la porte, à laisser passer devant, parce qu'une minorité d'entre elles a décidé de prendre le pouvoir sur mes vieilles habitudes au nom de l'égalité. J'ai compris les arguments, je les respecte, j'ai changé. Mais pour quel résultat ?
Nous n'avons pas tous la même notion du détail. Nos vécus exacerbent certaines positions, certaines pensées, au point d'en façonner des combats dignes et respectables quand d'autres les trouveront futiles et sans intérêt. Qu'il est difficile de ne juger que par l'aulne de notre connaissance. C'est d'ailleurs ce que j'aime dans cet exercice, celui d'aller à la pêche aux informations pour écrire des articles de blog. Se confronter à de nouvelles sources permet d'enrichir son savoir, d'ouvrir des portes dont on ne soupçonnait jusqu'alors pas l'existence, d'embrasser le monde en désopacifiant nos fameux œillères salvatrices. Pour autant, la passion dont font preuve certains dans leur combat les amène à des excès contreproductifs. Pléonasme. Les excès sont toujours contreproductifs.
Regardez, je vais me mettre dans la peau d'un outrancier fervent défenseur du racisme qui découvre l'article et va rester bloqué sur les deux premières phrases. Il se dira qu'il est obscène de se poser une question quand la réponse est si évidente. Puis il me taxera de raciste en utilisant comme preuve l'utilisation de l'expression "de but en blanc", trouvant la quasi juxtaposition des deux couleurs, sous entendu de peau, sordide et surtout preuve que que le blogueur manipule son lectorat pour faire passer subtilement ses idées nauséabondes. Pas de doute, cet homme est raciste.
Il me revient à l'esprit cette anecdote datant de quelques années, je pense que c'était dans les années 80, à la grande époque de SOS Racisme. Je n'ai plus en mémoire toutes les données mais grosso-modo, une association anti-raciste s'était soulevée contre une grande enseigne de vente d'électro-ménager suite à la parution d'une petite annonce commençant à peu près comme ceci "Cherche vendeur blanc...". Je précise, cela a son importance, que l'annonce était passée dans un magazine professionnel. Pensant être dans son bon droit, l'asso avait alerté les médias tout en décidant de porter plainte. Seulement voilà, point de racisme dans cette annonce. Dans le jargon professionnel, un vendeur brun est spécialisé dans l'électronique de loisirs définie par leur couleur sombre (TV, DVD, Chaîne Hi-Fi...) alors qu'un vendeur blanc est son pendant dans l'électroménager dont les éléments sont souvent de couleur blanche (réfrigérateur, gazinière, machine à laver...).
Tout est matière à interprétation. Et pour peu que nous utilisions un filtre de suspicion, nous trouverons toujours des "preuves évidentes" allant dans notre sens. Pour savoir raison garder, il faut s'armer de patience, de réflexion, d'un minimum de curiosité. Il faut savoir s'extraire du temps des réseaux sociaux, de leur réactivité immédiate. Évoluer, bien sûr, faire changer les mentalités, évidemment, mais avec la prudence de l'aiguille des heures. Gardons-nous d'être celle des secondes.
Pourtant, la controverse que j'aimerais vous soumettre ne date pas d'hier. Depuis la décennie de ma naissance, le peuple natif des États-Unis s'interroge sur l'utilisation des noms et de l'iconographie amérindienne des équipes de football américain comme celle de Washington que le monde entier connait sous le nom des Redskins, soit en français "peaux-rouges". La demande de changement de nom provient des nations tribales, des organisations tribales nationales ainsi que des organisations de défense des droits civils. La plus grande de ces organisations, le Congrès national des Amérindiens compte près d'un million d'inscrits. Il y a aussi un nombre croissant de fonctionnaires, de commentateurs sportifs, de journalistes qui préconisent un changement.
L'American Psychological Association soutient que "l'utilisation du nom des autochtones américains noms et/ou des symboles par des équipes sportives non indigènes est une forme dangereuse de stéréotypes ethniques favorisant les préjugés". Par ailleurs, le nombre d’équipes d’écoles secondaires et de collèges utilisant le nom Redskins est en baisse constante depuis quelques années.
Faut-il pour autant supprimer toutes références aux amérindiens dans le sport américain ? Si ce sont eux, les principaux intéressés ou visés, je ne sais pas comment dire, qui le demandent, qui suis-je, moi, petit français, pour oser poser la question ? C'est simplement l'effet "poussière sous le tapis" qui m'effraye. Pour vivre heureux cachons les problèmes plutôt que de les résoudre, nions leur existence plutôt que de sortir de notre zone de confort. Nions les couleurs pour éradiquer le racisme. Nions les différences au nom de l'égalité. Pas glop mais alors pas glop du tout ! Je suis un gourmand des différences. La beauté du monde ne s'apprécie que par le contraste. Je ne pourrais assouvir ma curiosité si mon voisin planétaire était mon semblable.
Bien sûr, ceux qui n'aiment qu'une couleur, la leur, se réjouiront si les Cowboys de Dallas battent les Redskins, de Washington, ou si les Chiefs de Kansas City se font écraser par les Bills de Buffalo. Mais ne risque-t-on pas de jeter le bébé avec l'eau du bain, de faire disparaître dans l'inconscient collectif toutes les références au peuple natif ? Utiliser leur nom, c'est aussi sublimer leur existence, comme un hommage. Les équipes sportives font fi des valeurs de Coubertin. L'important, c'est de gagner. Pour mettre toutes les chances de leur côté, elles se pareront d'un nom véhiculant des valeurs gagnantes, positives et respectables. Un hommage, je vous dis.
Heureusement, il existe des irréductibles gaulois aussi au pays de l'Oncle Sam. En 2005, la NCAA (National Collegiate Athletic Association) avait interdit les noms "racistes", les guillemets sont importantes, lors des championnats universitaires. Cependant, les Seminoles de Floride, ont pu obtenir une dérogation venant... des Séminoles eux-mêmes. Autre exemple, les Blackhawks de Chicago furent également un temps dans la tourmente. Seulement, le nom de l'équipe se réfère à la 86è division d’infanterie qui, c'est vrai, tient son nom d'un chef sauk. Black Hawk, qui signifie en français Faucon noir.
Vous imaginez qu'au nom d'un antiracisme exigent, la solution préconisée était de ne plus permettre aux noms des tribus indiennes de subsister ? C'est plutôt radical et aux antipodes de ce que devrait être à mon sens le but de ce mouvement. Au contraire, il faut mettre en valeur les cultures et les peuples, les mieux connaître pour en apprécier leur étranges coutumes et leur déroutante beauté. Et c'est ce que nous allons faire avec cette nouvelles série d'articles consacrée aux indiens d'Amérique. Le numéro zéro pourrait être Les totems scout des personnalités dans lequel j'ai commencé à aborder la culture amérindienne. Je vous promets au minimum trois autres articles sauce BID avec des découvertes assez surprenantes qui arriveront très vite. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à vous abonner soit à la newsletter, soit aux notifications (petite cloche en bas à droite de l'écran). Wicoka waste !
Sources : Wikipédia, plus.lapresse.ca