10 infos étonnantes sur La Bataille des planètes
Nouvelle incursion dans mon enfance après l'article sur L'Homme qui valait trois milliards. 1979. C'est bientôt la rentrée des classes. Je viens d'avoir 13 ans. Je suis au collège. L'un de mes derniers cadeaux est un lecteur/enregistreur à cassette. Depuis peu, je me suis trouvé une passion pour l'enregistrement. Je pose mon appareil à côté du haut-parleur de la télévision et j'appuie sur le bouton rec pour conserver les sons des images que je regarde. Ça a commencé avec le série du Club des 5 qui passait dans l'émission Les visiteurs du mercredi. À l'époque, tout le mercredi après-midi était consacré aux enfants. Surtout du côté de TF1. C'était bien avant le Club Dorothée. Depuis, il faut se lever très tôt, même le dimanche, pour voir des dessins animés quand on est môme. Je peux l'avouer, si j'enregistrais la série tirée des aventures d'Enid Blyton, c'est que j'étais amoureux d'Annie. Je me repassais le son des épisodes avant de m'endormir grâce à un casque énorme, d'un très joli marron clair qui m'imposait la position allongé sur le dos, pour ne pas me faire repérer par mes parents dormant dans la chambre d'à-côté. En septembre 79, je découvre une autre série, animée cette fois, à laquelle j'adhère immédiatement. Un autre club des 5. Il me faut en conserver une trace pour revivre leurs aventures. Les cassettes s'enregistrent à nouveau au son de La Bataille des planètes. Plus tard, j’effacerai mes enregistrements pour les remplacer par une émission radiophonique passant sur France Inter, Le Tribunal des flagrants délires présenté par Claude Villers en ne ratant aucune prestation de celui qui joue le rôle procureur et qui deviendra mon idole, Pierre Desproges. Mais ceci est une autre histoire que je vous raconterai peut-être un jour. Pour l'heure, je vous invite à découvrir 10 infos étonnantes sur Gatchaman, de son petit nom japonais.
1 - Le nom complet est...
... si on traduit du japonais à l'anglais, Science Ninja Team Gatchaman, ce que Google translate traduit par... Science Ninja Team Gatchaman. Merci Google ! Bon, donc on sait qu'il est question d'une équipe de "ninja", on va dire guerriers, en rapport avec la science et qu'elle s'appelle - l'équipe, pas la science - Gatchaman ce qui explique le G qu'on voit partout, sur les costumes, sur les vaisseaux, partout. La fameuse force G de la version française. Si vous voulez vous amuser à traduire depuis le japonais, ça donne Kagaku Ninja Tai Gatchaman. Mais on reviendra plus tard sur le titre français.
2 - La petite maison dans la prairie
La voix parlée du générique, celle qui présente les personnages, disait ceci :
"La Bataille des Planètes.
Le groupe d'intervention G : Princesse , Allumette, Kipo, Marc, Thierry.
Le quartier sous-marin Neptune, supervisé par un ordinateur de la septième génération 7-Zark-7. Il veille et il prévient dès que les galaxies ennemies esquissent une attaque contre la nôtre.
La Force G ce sont ces cinq jeunes hyper-doués qui protègent les planètes de notre galaxie. Toujours ensembles, unis comme les cinq doigts de la main, incorruptibles, inséparables, invincibles … "
Cette voix, c'est celle de Charles Ingals, mais oui, le papa de Laura et de la petite qui tombe dans le générique de La petite maison dans la prairie. Vous imaginez le maelstrom dans mon esprit naïf de gamin de 13 ans. Comment se fait-il que Charles dont le seul but dans la vie est de couper du bois soit embarqué dans une aventure spatiale avec des vaisseaux, des extraterrestres, tout ça ? Je commençais à élaborer des théories paranoïaques, imaginant que le monde de la télé était un immense parc d'attractions à la Westworld où chaque genre était un land avec la possibilité de passer d'un monde à l'autre, de la série de cape et d'épée aux enquêtes policières, du feuilleton western au soap opera grâce à des frontières devenues poreuses à cause de l'arrivée de la couleur sur nos petits écrans bombés. J'extrapole bien sûr, ce qui fera plaisir à mon père, parce que je ne me souviens plus vraiment mais ma candeur m'amenait parfois vers des contrées imaginaires pour le moins surprenantes.
Enfin, quand je dis la voix de Charles Ingals, je devrais plutôt dire sa voix française, doublée par Michel Gatineau qui d'ailleurs s'occupait également de l'adaptation française de la série animée. Et puis si j'avais été un peu plus attentif, j'aurais remarqué qu'il était également la voix de l'Inspecteur Derrick mais, surtout, celle du professeur Procyon dans Goldorak.
Petit aparté lexical et retour à la présentation du générique, Allumette est le pilote du vaisseau baptisé phénix qui se transforme, d'où son nom, en oiseau de feu au son de "super-calorifission". Pour élargir le champ lexical du brûlant, si j'avais été à la place de Michel Gatineau, j'aurais changé le nom de Kipo en Zippo. Les fumeurs comprendront. Et j'ajoute un crossover avec Capitaine Flam pour attiser l'imagination des fans.
3 - Tout ça, c'est de la faute à Star Wars
Vous l'avez compris, La Bataille des planètes est un dessin animé japonais. Cependant, la version que nous avons connue en France, à l'instar de ce que je vous racontais dans l'article sur Godzilla, est passée par le tamis américain. À l'époque, le succès de Star Wars est dans toutes les têtes des producteurs jaloux, souhaitant grappiller quelques miettes du gâteau spatial. Souvenez-vous, quand le premier film de la franchise est sorti, il ne s'appelait pas Star Wars. On francisait encore pas mal à l'époque. C'était La Guerre des étoiles. C'est vrai que plus tard, en 1983, Ronald Reagan, président des États-Unis, a lancé un projet du même nom à l'initiative de défense stratégique durant la guerre froide. Pour différencier de quoi qu'on causait, on a préféré le titre original pour ce qui est devenu la saga que l'on connait aujourd'hui. Allez, coco, profitons de l'aubaine. On va renommer cette histoire japonaise grâce au dictionnaire des synonymes. On change "guerre" par "bataille" et "étoiles" par "planète" et le tour est joué, par ici les dollars. Mais ce n'est pas tout. Le titre, c'est la partie émergée de l'iceberg.
4 - Tout ça, c'est encore de la faute à Star Wars
.Le seul défaut que je trouvais à la série, c'était ces scènes d'introduction et de conclusion dans laquelle un petit robot répondant au doux nom de 7-Zark-7 dissertait sur l'épisode. Il était parfois accompagné de son chien robot - mais pourquoi un robot aurait besoin d'un chien robot, pourquoi ? - 1-Nonos-1. Il y avait aussi la voix de 5-Sibel-5 dont 7-Zark-7 était amoureux. J'avais l'impression que ça ne collait pas, que ces parties étaient dessinées avec le cul. Et c'était pire quand un des membres de la force G faisait une apparition au côté du robot. Il était moche, mais moche ! Avec des proportions étranges. Alors que dans le reste de l'épisode, les dessins étaient plutôt de bonne facture. Allez coco, on va ajouter un robot comme chez Lucas. Et tu me le dessines comme R2-D2, ça va plaire aux gossex. Parce que, oui, ces parties n'existaient pas dans la version japonaise. Elles ont été dessinées et ajoutées par les américains. Et pas des dessinateurs issus des studios Disney, je peux vous le dire.
Les raisons de ces changements ne sont pas uniquement marketing. Et elles ont eu des répercutions importantes sur l'intrigue de l'animé. Pour rendre la série attrayante au jeune public américain, les producteurs de Sandy Frank Entertainment ont supprimé un bon nombre d'éléments pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes comme on dit aujourd'hui : violence graphique, profanations, nudités, personnages transgenres... Ce qui a généré des changements d'ordre éditorial. L'effet Star Wars a obligé les producteurs américains à situer l'action dans l'espace alors que l'animé se passait exclusivement sur Terre. Exit le ton sombre sur le thème de l’environnement, et bonjour le space opera avec un robot rigolo pour enfants. D'ailleurs, si vous avez l'occasion de regarder quelques épisodes, vous verrez que les autres planètes ressemblent étrangement à notre bonne vieille planète bleue. Afin d'expurger la mort de la série, il était affirmé que la ville avait été évacuée avant une scène de bataille montrant les destructions accidentelles de bâtiments. Quand Berg Katse, antagoniste androgyne prend l'apparence d'une femme, la version américaine la présente comme un personnage distinct. Et ce ne sont que quelques exemples des changements de la version américaine.
À force de modifier, triturer, détériorer le matériau d'origine, les monteurs se trouvant en difficulté pour offrir des épisodes cohérents profite de la présence de 7-Zark-7 en vis et boulons comme en voix off pour expliquer à coups de chausse-pieds rhétoriques une histoire qui aurait été absconse sans lui. Heureusement, d'autres versions sont venues par la suite, qui ont permis de mieux coller à l'histoire telle que racontée par les Japonais.
5 - Le bel apport américain
Là où, à mon sens, les américains ont été les meilleurs, c'est sur la nouvelle bande-son, et particulièrement le générique, signée Hoyt Curtin. On doit un nombre incalculable de musique de dessins animés à ce compositeur qui a commencé sa carrière dans les années 50 dans la pub TV. C'est sa rencontre avec Hanna et Barbera qui l'amènera à composer des génériques. Pour la petite histoire, et parce que je ne rate jamais une occasion pour passer pour un idiot auprès de vous, j'ai pensé pendant très longtemps que Hanna-Barbera Productions avait à sa tête une présidente prénommée Hanna avec un "h" de trop ou Barbera avec un "e" à la place du "a". C'est bien plus tard que j'ai su qu'il s'agissait en fait de deux gars, William Hanna et Joseph Barbera. Pendant que vous vous foutez de ma poire, je vous offre le générique américain.
Tout à l'heure, un peu plus haut, vous avez entendu la présentation de l'équipe. Mais il y avait aussi une version française du générique. Même musique mais, chez nous, avec des paroles. Comme j'en vois encore deux ou trois qui se marrent, je vous le file aussi en attendant le calme complet pour continuer.
À savoir qu'on doit également à Hoyt Curtin les génériques de séries animées telles que Les Pierrafeu, Les Jetsons, Jonny Quest, Les Schtroumpfs ou encore Scooby-Doo.
6 - On ne nous montre pas tout
Au départ, l'animé japonais comprend 105 épisodes. Seulement 85 furent adaptés pour la version américaine et seuls 65 épisodes furent doublés et diffusés en France à la fin des années 70. Tout cela nous a privé de quelques épisodes importants comme celui où l'un des membres de la force G meurt ou encore la révélation de la véritable identité de Zoltar, l'antagoniste principal de la série.
7 - Tout ça, grâce à la France
En avril 1977, Sandy Frank assiste au MIPTV de Cannes, le marché international des programmes de télévision. L'évènement réunit chaque année plusieurs centaines de professionnels de l’industrie de la télévision et du divertissement qui y achètent ou vendent des émissions et des séries à l'international. C'est là qu'il découvre Gatchaman et rencontre les frères Yoshida de Tatsunoko Production avec qui il signe l'adaptation de l'animé aux États-Unis. Je n'ai qu'un mot à dire, cocorico !
8 - Tout ça, cette fois, c'est grâce à Star Wars
On évoque souvent les influences de la culture japonaise, en particulier les samouraïs, sur l'univers et les costumes de Star Wars. A l'inverse, l'épopée galactique de Georges Lucas a également joué un rôle dans la pop culture nippone. Quatre ans après la fin de la diffusion de la série Gatchaman au Japon, Tatsunoko Production est en difficulté. Tatsuo Yoshida, son président meurt d'un cancer du foie en septembre 1977. Un grand nombre des artistes du studio décident de quitter le bateau qu'ils supposent sans capitaine digne de ce nom pour voler de leurs propres ailes. Pour ne pas sombrer, la société doit taper fort.
La réponse vient de la concurrence qui, elle même, souhaite surfer sur le succès récent de Star Wars. Toei sort une version cinéma de leur série culte Yamato intitulée Space Cruiser Yamato. Bien que le long-métrage soit un reboutiquage de quelques épisodes de la série, le film devient très vite un succès au box office. C'est la début de ce qu'on appellera l’Anime Boom. Le grand public étant maintenant familiarisé avec l’histoire, cela ouvre les portes aux multiples suites de la série.
La décision fut prise par Tatsunoko Production de résumer les 105 épisodes de Gatchaman en film de 110 minutes. Une option qui n'était pas du goût des équipes artistiques qui souhaitaient plutôt partir sur un reboot.
Pendant que le film se montait, Tatsunoko produisit également un radio drama en 16 épisodes pour Radio Bunko en avril 1978. Le film sortit le 15 juillet de la même année. Bien qu'il n'eut pas le succès escompté, il remplit sa mission de préparer l’audience pour le premier épisode de Gatchaman II qui arriva sur les écrans japonais le 1er octobre.
9 - Live action
Dans cet article, je ne m'intéresse qu'à la première version, celle de 1972, parce qu'elle est chère à mon cœur nostalgique et, surtout, parce que je ne connais pas les suivantes. Et il y en a eu pas mal ensuite. Je vais cependant partager avec vous la bande-annonce du film avec acteurs réels tiré de la franchise Gatchaman qui est sorti au Japon - il ne me semble pas qu'il y ait eu une version française - en 2013.
Le pitch : En 2050, une mystérieuse organisation appelée Galactor occupe la moitié de la Terre et menace d'exterminer la race humaine. Au même moment, l’Organisation internationale de la science découvre de mystérieuses pierres dotées de pouvoirs inhabituels. On dit qu'une personne sur huit millions est capable d'exploiter le pouvoir de ces pierres. Le Dr Kozaburo Nambu rassemble une équipe de cinq récepteurs et forme l'équipe Gatchaman. Leur mission est de vaincre Galactor. Bande annonce !
La bonne nouvelle, c'est qu'un nouveau projet, côté américain, vient d'être annoncé. Si je vous dis Avengers : Infinity War et Endgame, vous me répondrez "cartons au box office" ou "putain de films". J'ajouterais que ces films doivent beaucoup à leurs deux réalisateurs, les frères Russo. Et donc, la bonne nouvelle, c'est que ce seront eux qui seront aux commandes du prochain film issu de La Bataille des planètes. Elle est pas belle, l'histoire ? C'est au dernier Comic-Con de San Diego qu'ils en ont fait l'annonce. Affaire à suivre.
10 - A l'origine d'un nouveau genre, le sentai
Les séries Super sentai ou sentai, de par leurs codes stricts, sont un genre à part entière. Power Rangers ou Bioman en sont les exemples le plus connus. Le mot sentai signifie littéralement "escadron de combat".
Le sentai met en scène un groupe de héros en costumes colorés, souvent au nombre de 5, dotés de supers-pouvoirs luttant contre les forces du mal pour sauver la planète. Chaque costume doit posséder sa couleur propre même s'il peut présenter quelques variations. L'équipe est généralement soutenue par un mentor, qui sera selon les cas un maître d'arts martiaux, un professeur, ou un scientifique qui leur fournit des conseils, de nouvelles armes ou de nouveaux véhicules.
Le choix du nombre 5 n'est pas dû au hasard. En Asie, en effet, on reconnaît cinq éléments : métal, bois, eau, feu, terre. À la différence de l'occident qui en dénombre 4 : terre, eau, air, feu.:
Bien que le sentai se décline essentiellement en live action, avec de vrais acteurs, il trouve son origine dans Gatchaman. Et d'ailleurs la série Jetman (en japonais Chōjin Sentai Jettoman, chōjin voulant dire à la fois "super-homme" et "homme-oiseau"), un autre grand sentai, s'inspire librement de La Bataille des planètes.
Bonus et fun facts
- Au Royaume-Uni, La Bataille des planètes a obtenu la place 42 des 100 plus grandes émissions de télévision de Channel 4 en 2001.
- TF1 a acheté cette série pour, à l'époque, concurrencer Goldorak qui était sur Antenne 2.
- Une silhouette d’un des personnages de l'animé apparaît sur l’affiche du film Birdman avec Michael Keaton (bon, j'ai tenté de trouver l'affiche mais soit je suis tombé sur les mauvaises, soit cette info est bullshit).
- Voici le teaser d'un long métrage d'animation qui n'a jamais vu le jour, les studios Imagi qui étaient aux manettes ayant fermés prématurément.
Sources : Wikipédia, www.planete-jeunesse.com, www.laforceg.com
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