10 infos étonnantes sur Les Mystères de l'Ouest
Une lubie m'a pris il y a quelques jours de vouloir trouver le tout premier épisode d'une série que j'affectionne particulièrement, Les Mystères de l'Ouest. J'ai été étonné, en pleine campagne contre l'article 13 réduisant drastiquement les possibles utilisations des licences de le trouver rapidement et en intégralité sur Youtube. Peut-être plus pour longtemps, si ça se trouve. Ce visionnage m'a boosté l'envie d'écrire un article sur le sujet. Après Stan Lee et Godzilla, je me propose de partager avec vous 10 infos étonnantes sur Les Mystères de l'Ouest. Que vous lisiez l'intégralité de l'article ou pas, un cadeau vous attend en bas de page. 😉
1 - Le drôle de destin de Michaël Garrison
Après avoir été acteur sur les planches, à Londres, puis sur le grand écran à Hollywood, Michaël Garrison devient producteur. En 1954, il pose une option pour les droits cinématographiques du premier roman de Ian Flemming mettant en scène un certain James Bond, Casino Royal. Ça lui en coûtera 600 dollars. Un an plus tard, flairant le filon, il en achète les droits "à vie" pour 6000 dollars, cette fois. Malheureusement, le projet de film ne sera pas retenu par les studios Hollywoodiens. Cela restera tout de même une bonne affaire puisqu'en 1960, il cèdera les droits à Charles K. Feldman pour 75 000 dollars. Cependant, l'idée d'un agent secret prénommé "James" restera dans ses cartons jusqu'en 1965 où il proposera à CBS, pour la télévision cette fois, un ersatz de l'agent britannique à cheval. Tout y est, le beau gosse tombeur de ces dames, les gadgets et les méchants caricaturaux.
Mais la première saison ne se passe pas dans de bonnes conditions. CBS renvoie Garrison. Pas moins de 9 producteurs se succèdent sur la seule première saison. Finalement, Garrison est rengagé en fin de saison. Serait-ce un nouveau dépar ? Pas vraiment. Le 17 août 1966, alors qu'il prépare une fête à sa résidence de Bel Air, Garrison glisse en haut d'un escalier, tombe et se fracture mortellement le crâne. La série continuera sans lui.
2 - Et la couleur ?
La première saison sera tournée en noir et blanc. In fine, elle sera très peu vue en France. C'est à partir de la deuxième saison que l'on pourra découvrir le petit cul de James West moulé dans un magnifique pantalon bleu.
3 - C'est beau un épisode la nuit !
Avez-vous remarqué que tous les épisodes des Mystères de l'Ouest se passaient, tout ou partie, la nuit ? Un "petit" indice se glissait dans le titre de tous les épisodes qui commençaient systématiquement par "La nuit...". La séquence pré-générique est souvent nocturne, à quelques exceptions près, et le dénouement se déroule quasi systématiquement pendant les heures sombres.
Le précédé de récurrence dans le titre sera réutilisé plus tard par la série Friends avec "Celui qui..."
4 - J'étais là au premier, j'étais là au dernier, pourtant je n'étais pas récurent, je suis... je suis...
Victor Buono était un acteur qui a beaucoup été utilisé comme méchant dans les séries TV des années 60 et 70. On le retrouve dans le tout premier épisode des Mystères de l'Ouest où il joue le rôle de Wing Fat, je vous en reparlerai plus tard. On le retrouvera également en saison 2 dans La Nuit des Excentriques et La Nuit de la Pierre philosophale pour un autre rôle, celui du comte Manzeppi. Enfin, dans le deuxième et dernier téléfilm réunissant nos héros vieillissants, Encore Plus de Mystères de l'Ouest, il incarne le Docteur Messenger, une référence à l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger.
5 - La perversion de la réalité
Lorsque le site Aux frontières des séries analyse Les Mystères de l'Ouest, il confère à la série une notion d'anti-transparence, de tromperie. Rien n'est ce qu'il semble être. Il faut se méfier de tout. Bien qu'elle se passe dans le Grand Ouest américain, on ne suit pas des cowboys mais des agents secrets. Le titre français annonce la couleur, chaque épisode dévoilera ses secrets cachés. Les repaires des méchants sont souvent, eux aussi, cachés sous la surface. Gordon joue très souvent avec les illusions en se grimant, pour tromper l'ennemi. On ne compte plus le nombre de passages secrets que découvrent West et Gordon. La menace se voile dans les objets les plus anodins. Un piano, une chaise, un stylo deviennent des objets de mort. Cela installe peu à peu un climat d’insécurité, de parano. Alors qu'il faut à nos deux héros un train personnel pour se rendre sur les lieux de leurs missions, traversant des grands espaces qu'on ne voit jamais au travers des vitres, l'action se passe dans des lieux confinés où ils se retrouvent bien souvent enfermés. Trouver le moyen de sortir, c’est anéantir l’endroit et son créateur.
Le site conclut à l'inversion des données historiques puisque le confinement de la série propose un complet contraire de l’époque historique du Grand Ouest et de ses espaces infinis.
6 - Le problème asiatique
Replongeons-nous dans les années d'après seconde guerre mondiale, d'après Pearl Harbor. C'est peu dire qu'il existe un antagonisme sérieux entre les américains et les japonais. Et le ressentiment s'étend à toute la population asiatique. Alors quand un scénario, le premier de la saison 1 par exemple, prévoit un rôle de chinois, on prend un acteur blanc pour le jouer, en l'occurrence le fameux Victor Buono dont je vous ai déjà parlé. Même si... mais je vous laisse regarder l'épisode. 😉
Aujourd'hui, on appelle ça le "whitewashing". Dans les années 50, on parlait de "Yellowface". C'était, déplorons-le, une pratique courante à Hollywood. Fu Manchu fut successivement incarné à l’écran par Warner Oland, Boris Karloff et Christopher Lee, des années 20 aux années 60. Autre exemple, dans le film Le Conquérant de 1955, le rôle de Gengis Khan y était tenu par... John Wayne.
Je vous renvoie à cet article très intéressant sur le sujet.
Si je vous en parle, c'est qu'après les quatre saisons de la série (1965/1969), et avant les deux téléfilms (1979 et 1980), Ross Martin, notre bon vieux Artemus Gordon, a tourné un pilote qui n'a pas plu à la communauté asiatique. Nous sommes en 1973 et le téléfilm devant être le numéro zéro d'une nouvelle série TV s'intitule The Return of Charlie Chan. Ross y interprète le rôle principal, celui d'un détective sino-hawaïen, un magnum jaune en quelque sorte. Des associations asiatiques font entendre leur mécontentement. La série ne sera pas lancée. Si vous voulez y jeter un oeil, voici le téléfilm en entier, malheureusement en VO.
On aurait pu imaginer que les suivants apprendraient des erreurs passées. Que nenni ! En 1980, une dernière adaptation fut tournée avec dans le rôle titre.. Peter Ustinov. Pour info, cela s'appelait Charlie Chan and the Curse of the Dragon Queen. À ma connaissance, ce fut la dernière tentative d'adaptation sur écran du détective.
7 - Le changement étonnant du générique
Je ne parle pas de la géniale musique signée Richard Markowitz mais bien de ce petit dessin animé en 5 cases, style bande dessinée, qui montre en sa case centrale un James West qui empêche un hold-up, tire sur la main d'un tricheur, désarme une main qui veut le tuer et... mais arrêtons-nous sur cette dernière case. C'est à cet endroit que l'animation change entre la saison 1 et 2. Dans la première version, la demoiselle attire l'attention du beau James avec un coup d'ombrelle sur la tête. West s'empare de la taille de la fille et l'embrasse goulument. Mais c'est un piège. Pendant l'étreinte, elle sort un couteau et lève le bras pour le poignarder dans le dos. Jusqu'à présent, les deux versions sont identiques. Là où ça va changer, c'est qu'en saison 1, le baiser produit son petite effet et la femme au poignard se ravise. Le charme du héros a agit. Elle s'adosse à la case, main meurtrière toujours en l'air. Par contre, la deuxième version est bien plus badass puisque West, à qui on ne la fait pas, fout son poing dans le minois de la donzelle qui se retrouve à terre les quatre fers en l'air. À une époque où tout se lisse, où le politiquement correct règne en despote, je trouve très frais cette évolution et je voulais vous en faire profiter. Vive les années 60 !
PS : On est bien d'accord, je ne prône pas la violence faite aux femmes que j'exècre au plus au point mais j'applaudis une époque où on pouvait oser ce genre de modif. Et voilà, je suis bien revenu chez nous.
8 - Les absences d'Artemus Gordon
Si vous connaissez la série, que vous avez déjà vu en entier les quatre saisons, plusieurs fois peut-être, vous savez que James West fera partie de tous les épisodes alors qu'Artemus Gordon sera régulièrement absent lors de la dernière saison. Cela n'est pas dû à une lubie de l'acteur, à une demande d'augmentation qui n'aurait pas aboutie ou aux appels du grand écran. La vérité est plus triste. Après s'être fracturé la jambe lors d'une scène d'action pendant le tournage de l'épisode La Nuit des cyclopes, Ross Martin est victime d'une attaque cardiaque l'obligeant à suspendre sa participation pour neuf épisode. Il sera remplacé par Charles Aidman jouant le rôle de Jeremy Pike. Gordon est supposément à Washington. Il y aura également William Schallert et Alan Hale, Jr. Martin Ross ne fera son retour que pour les trois derniers épisodes de la série.
Malheureusement, cela se reproduira après la diffusion des deux téléfilms des années 80. Alors qu'un troisième opus était envisagé, la page fut définitivement tournée quand Ross Martin décéda des suites d'une nouvelle crise cardiaque. Il était inconcevable que la série continue sans Artemus Gordon.
9 - Le slip de James West
On ne va pas se mentir Robert Conrad avait un beau petit cul. C'est la deuxième fois que j'en parle. Mon hétérosexualité tressaillait à chacune de ses apparitions de dos. Alors imaginez mon émoi quand, dans la scène de bagarre de La Nuit de la terreur cachée (quarante-quatrième minute de l'épisode 19, saison 3), James West déchire son pantalon au point de lui voir son petit slip blanc. Ce qui est dommage, c'est que dès la scène suivante, on l'aperçoit à nouveau avec un pantalon légèrement déchiré sur sa jambe droite. Ma femme est reconnaissante à ce faux-raccord.
10 - Miguelito Loveless n'etait pas un méchant
Je ne peux pas terminer cet article sans vous parler du méchant emblématique de la série, le docteur Miguelito "Quichotte" Loveless. Le deuxième prénom annonce la couleur. Fou mais plein de bonnes intentions.
Il apparaîtra dix fois dans la série faisant de lui le recordman des récurrents. Méchant, d'accord. Mégalomane malgré sa petite taille (1,19m), OK. Mais, ça, c'est ce que nous retenons du personnage après avoir visionné les quatre saisons. Il apparaîtra d'ailleurs assez rapidement, dès le troisième épisode de la première saison. Justement, qui était-il lors de sa première apparition ? Comment est-il présenté ?
La famille de Loveless avait reçu de la part du vice-roi de la Nouvelle Espagne (un territoire comprenant l'actuel Mexique, toute l'Amérique centrale jusqu'au Costa Rica et plusieurs États américains comme la Californie, l'Arizona, le Nouveau-Mexique, le Texas, entre autres) une importante concession de terres en Californie. Mais la couronne espagnole revient sur sa parole en reprenant leur terre lorsque la Californie devient un état américain. L'objectif initial de Loveless est de récupérer les biens de sa famille pour créer un havre de paix où les défavorisés pourraient vivre une vie normal, sans les tourments de la société. Bon, c'est après que ça part en couilles.
Le rôle fut joué par le charismatique Michaël Dunn, chanteur à ses heures comme on pourra le remarquer dans quelques épisodes. Saviez-vous qu'en 1970, l'acteur avait joué dans un film français aux côtés de Jane Birkin. Trop petit mon ami d'Eddy Matalon est l'histoire de Ticky Edriss qui met au point une machination destinée à le venger de la société et à extorquer une banque. Bon, même en français, ça ne devait pas beaucoup le changer de son rôle de la série.
Allez, petit bonus parce que je suis ravi d'avoir partagé avec vous ces quelques infos d'une série mythique pour moi, qui a bercé mon enfance, mon adolescence et qui restera à mon sens une des meilleures de tous les temps, je vous offre, on va dire un cadeau empoisonné dans la mesure où les deux téléfilms que je vous propose de visionner en français et en intégralité sont certainement les pires aventures de nos deux héros. Bon visionnage quand même ! 😉
Surprenant ! Chouette travail d'investigation sur ce monument de nos souvenirs audiovisuels ! Merci
Merci Jean-Marie ! 🙂