L'invité d'aujourd'hui ne m'est pas tout à fait inconnu. J'ai découvert Maxime Gillio auteur de polars rigolos, inconditionnel de San Antonio et dunkerquois convaincu. Il y eu une première rencontre à Saint Chef en Dauphiné, un village qui a vu grandir le grand Frédéric Dard. S'en est suivi une aventure littéraire unique, à cheval entre les réseaux sociaux et le polar déjanté. L'exquise Nouvelle que ça s'appelait. Nous avons appris à nous connaître, nous avons même travaillé ensemble au sein d'un boîte de communication que nous avons créée avec un troisième loustic. Bout de chemin jusqu'à l'inévitable bifurcation de la vie. Depuis, c'est qu'il s'est construit une voie royale, le bougre ! S'extrayant du polar, il a depuis tâté à d'autres registres littéraires avec un succès qui n'a surpris que ceux qui ne connaissaient pas le talent de plume du monsieur.
Le premier roman que j'ai lu de lui, je l'ai dévoré. Instantanément conquis par l'histoire, l'humour, le style, les personnages, Virginia Valmain en tête. Je ne saurais trop vous conseiller la lecture des Disparus de l'A16. Un bijou. J'en garde un souvenir humide. Quelques lignes pas du tout prises au hasard :
- Y a un truc que j'ai pas compris : pourquoi Hulk, son pantalon, il craque jamais ?
- Le pantalon de... ? Putain, Lao, on est en pleine embuscade et tu viens me parler du pantalon de Hulk ? Ça va pas mieux, toi ?
- Ben quoi ? Elle est pas encore ouverte, la porte. Et je voudrais pas crever sans avoir eu la réponse à ma question.
- Écoute, à l'origine, c'est une BD pour les gosses. Tu voudrais quand même pas que les enfants lisent les aventures d'un géant qui montre ses couilles vertes grosses comme des pastèques ?
Et ce n'est que le début d'un dialogue d'anthologie d'une drôlerie implacable qui raviera les fans des comics Marvel mais pas que. Au-delà du fou-rire que me procura cet échange, c'est un sentiment nouveau que je vécus à la lecture de ces pages. Tout cela, c'était bien avant le MCU et les milliards de dollars engrangés au box-office par les capés et autre mouleburnés lycra à la bigarrure assumée. À ce moment-là, y avait peut-être eu un ou deux X-Men au cinéma, pas plus. Nous, fans de supers-héros, nous étions encore regardés comme des attardés. Et là, je découvrais qu'un auteur sérieux, sous-entendu hors phylactère, avait les mêmes références superhéroïques que moi. Dingue !
Cette passion pour les super-héros a pu transparaître deci delà, dans les romans de Maxime Gillio. Mais c'est dans sa première série jeunesse qu'elle s'exprime sans retenue. Super-Héros - Origines, le premier tome, est sorti en septembre dernier. Je l'ai dévoré en goûtant la double lecture et les nombreuses références aux héros et pouvoirs de chez l'Oncle Sam. Tiens, rien à voir mais quand même, vous saviez qu'Uncle Sam avait aussi été un super-héros créé par Will Eisner, papa du Spirit et inventeur de ce qu'on appelle aujourd'hui le roman graphique ? D'ailleurs, fin des années 90, il a fait l'objet d'un album dessiné par le talentueux Alex Ross chez DC Vertigo.
Super-héros Épisode 2 Révolte, sera disponible le 1er juillet dans toutes les bonnes librairies, comme on dit. Je vous invite à sa lecture dans les plus brefs délais (du premier aussi, hein !) ou d'en faire l'acquisition afin d'avoir une saine activité quand on sera de nouveau confinés. Mais, là, tout de suite, c'est à la Dicoview spéciale Super-héros de Maxime Gillio que je vous invite.
A comme Neal Adams
Son run sur les X-Men (c’était dans Strange ou Spidey ?), était magnifique, avec les Sentinelles, le Monolithe Vivant, etc. Quand on sait qu’aux États-Unis, ils lui avaient confié la série en sachant qu’ils allaient l’arrêter. Un enterrement de première classe. J’ai eu la chance de voir ses planches originales sur Batman il y a deux ans. Somptueuses ! Quel dommage qu’il les ait lui-même massacrées en version colorisée pour leur réimpression…
Et j’ajoute une occurrence pour faire un petit coucou à Astro City, librairie spécialisée en import comics US, à Lille, où j’ai claqué, et claque encore, beaucoup trop de sous…
B comme John Byrne
John Byrne. Obligé. Au-dessus de tous les autres. Proustien à mort. Je suis comme un chiot qui reste attaché à vie au premier humain qui vient le chercher. Imagine quand même que j’ai découvert Special Strange avec ce génie absolu. J’ai même acheté des Captain America en allemand pour le lire, et je serais prêt à casser mon compte épargne pour acheter une liste de courses de sa main. Ma plus belle pièce de lui ? Un Nightcrawler dédicacé réalisé lors d’une convention à Lille en 1992 ou 1993 !
C comme Tovaritch Colossus !
Y a-t-il une seule fois où ce bon vieux Piotr ne s’est pas pris une branlée par le premier méchant venu ? Le type est censé être le plus fort des X-Men, mais il se mange raclée sur raclée à chaque baston !
D comme Daredevil
Strange sans ce bon vieux Tête à cornes, ce ne serait pas pareil. Ma première rencontre avec DD ? Lorsqu’il affronte Bullseye. Y a pire comme arc narratif !
E comme Electro
Ou "Exemple ce qui peut se faire de pire comme adaptation cinématographique". Le vilain, dans sa version dessinée, est tantôt kitsch, tantôt criard, tantôt dans l’air du temps, mais il est iconique. Mais son adaptation dans Amazing Spider-Man 2, avec Jamie Foxx devrait être interdite par les conventions de Genève.
F comme Fatalis
(de l’avantage de pouvoir te répondre soit avec les noms français, soit avec les américains…). LE méchant ultime, non ? Torturé, romantique, gothique, sublime…
G comme Ghost Rider
Ou nouvel exemple d’assassinat cinématographique. Un comics original, un personnage qui sort de l’ordinaire, terrifiant, hardcore. Et à l’arrivée, Nicolas Cage qui cachetonne…
H comme She-Hulk
Oui, je préfère nettement la cousine à l’original. Outre que Jennifer Walters est incroyablement sexy, il FAUT lire le run de John Byrne (allô, docteur, je crois que je fais une fixette…) sur ce personnage. Il y a dynamité tous les codes de la narration, pulvérisé le plafond de verre pour un jeu constant entre ses personnages et le lecteur, c’est de la folie. Et en tapant cette réponse, une évidence m’apparaît, que j’avais occultée : une héroïne sexy, badass, et qui interpelle le lecteur en permanence ! Bon sûr, mais c’est bien sang ! Virginia Valmain est carrément influencée par Miss Hulk !
I comme...
Tu t’attendais à Iron-Man, hein ? J’aurais pu, note bien. Mais je préfère te parler d’Iron Fist. Et pourquoi ? Parce que je l’ai découvert dessiné par… John Byrne, bien sûr ! Et pour ma première rencontre avec lui, il se mettait sur la gueule avec Sabretooth. Sympa comme prise de contact, non ?
J comme J. Jonah Jameson
La quintessence onomastique de la règle de Stan Lee qui veut que pour se rappeler le nom d’un personnage, il faut une seule lettre pour ses initiales. D’ailleurs, JJJ n’est-il pas le patron de PP ? À noter que l’acteur J. K. Simmons fait un formidable Jonah Jameson au cinéma.
K comme Kubert
Peut-on imaginer famille plus talentueuse ? Joe, le père, et Adam et Andy, ses fils, dont je pouvais lire n’importe quelle série, pourvu qu’ils fussent au pinceau.
L comme Lee, évidemment
Mais pas que Stan, notre Dieu à tous, mais également Jim Lee, qui a dynamité la série X-Men à un point… J’avais levé le pied sur les comics depuis plusieurs années, et c’est à cause de lui que j’ai repiqué au jeu…
M comme Mort
L’une des raisons qui m’ont fait lever le pied sur les comics est le moment où j’ai réalisé que chaque mort de personnage n’était que provisoire. Quand tu comprends que tu vas forcément retrouver le défunt, sous n’importe quelle forme, à la faveur d’un reboot, d’une astuce scénaristique ou de la pression d’un marchand de jouets, forcément, tu perds en intensité émotionnelle. Les morts de Captain Marvel, Phénix, Gwen Stacy ou autres étaient sublimes, parce que censées être définitives.
N comme Nightcrawler
Ou Diablo. Mon X-Man préféré, que je vais d’ailleurs me faire tatouer dans pas longtemps. Ach !
O comme...
Je vais te citer Omega Red. D’abord parce que Doctor Octopus ne m’a jamais intéressé, et puis parce qu'Omega Red a la particularité d’avoir été dessiné par Jim Lee (voir lettre L) et scénarisé par John Byrne (voir… à peu près toutes les lettres de cet abécédaire). Sinon, je ne sais pas grand-chose d’autre sur ce personnage.
P comme Phénix
J’ai pleuré comme un veau à sa mort. Et je me suis toujours demandé si Claremont et Byrne avaient prévu de la faire revenir au moment où leur éditeur leur a imposé de la faire mourir (rappelons que dans la version initiale, elle était "seulement" lobotomisée pour lui supprimer son pouvoir destructeur).
Q comme Quasar
Mais honnêtement, c’est juste pour répondre quelque chose à la lettre Q. Sinon, je me fous un peu de ce personnage.
R comme John Romita, mec !
Je ne sais pas si les lecteurs actuels de comics savent ce qu’ils doivent à ce titan du dessin. Une influence certainement plus importante encore que celle de Byrne.
S comme Sasquatch
Parce que je me rends compte que je n’ai pas parlé de John Byrne depuis la lettre R ! Blague à part, j’ai adoré la série Alpha Flight ! Quel dommage qu’elle n’ait pas survécu longtemps au départ de son créateur, c’était excellent. Et puis mettre un nain comme super-héros (Puck), fallait oser ! Fort Boyard n’a rien inventé !
T comme Titans
Gamin, parmi toutes les publications Marvel, c’était celle qui m’intéressait le moins. Sans doute parce que j’étais moins intéressé par tout ce qui était SF ou space opera (et puis Star Wars en BD me faisait copieusement chier). Mais j’en ai récemment rouvert, et il y avait quand même de tout, un joyeux pot-au-feu éditorial, avec des personnages sacrément réussis (Drax le Destructeur) mais aussi les séries les plus dégueulasses graphiquement (Dazzler, mais quelle daube) !
U comme Ultron
Ou l’exemple de ce qu’un bon concept peut donner de plus chiant quand il est étiré, et étiré, et étiré… Ultron est aux Avengers ce que Magneto est aux X-Men ou Doctor Doom aux Fantastic Four. Comme un vieux tonton qui gêne un peu aux repas de famille, mais le jour où il n’est pas là, il reste une chaise vide encore plus gênante.
V comme Venom
Ou comment une commande Mattel qui foire peut arriver à créer un des vilains les plus iconiques du Spider Universe ! Parce que le costume noir de Spider-Man dans Secret Wars, merde, qu’est-ce qu’il était chiadé !
W comme Wolverine
Même si ça n’a jamais été mon personnage préféré, il faut bien reconnaître que l’irruption de « Serval » dans le Marvel Universe a complètement redistribué les cartes au niveau de la typologie gentil héros contre vilain méchant. Un personnage en or… en adamantium, pardon, pour tous les scénaristes.
X comme...
Et le huitième jour, Stan Lee et Jack Kirby créèrent les X-Men. Mon tout premier contact avec eux ? L’album Descente aux enfers, avec Nightcrawler (déjà lui) qui meurt le jour de son anniversaire, et que ses compagnons vont aller chercher dans les cercles de l’Enfer imaginés par Dante. Comment veux-tu que je sois le même après un album pareil ??
Y comme Yellowjacket
Et c’est tout ce que j’ai à dire, c’est le seul que j’ai trouvé avec un Y !
Z comme Zuydcoote
Cette ville à côté de Dunkerque, célèbre pour son hôpital maritime. Ma grand-mère y est conduite en urgence en 1980 pour un très méchant AVC. J’ai cinq ans. Et afin de me faire patienter, mes parents m’achètent une revue dans le kiosque à journaux de l’hosto. Mon premier Strange. Le 126. Sur la couverture, Iron-Man est aux prises avec Blizzard et Whiplash. Cet achat fut l’élément fondateur. Plus rien ne sera comme avant (et ma grand-mère survivra à son AVC !).
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