J'ai testé la réalité mixte (The Cluster)

8 Fév 2020 | J'ai testé pour vous | 0 commentaires

Temps de lecture : 8 min

Ce jeudi, j'étais invité à tester une évolution de la réalité virtuelle chez The Cluster récemment ouvert sur Montpellier, à deux pas du Corum.

Avant de vous raconter l'expérience, je me dois de poser ici une petit disclaimer. Mes débuts avec la réalité virtuelle furent chaotiques. Je ne sais plus exactement de quand date ma première incursion dans un monde théorique, assurément quelques bonnes années, mais je n'en garde pas un très bon souvenir. Sensation de déséquilibre, focalisation difficile et, rapidement, maux de tête. Bref, je n'y ai pris aucun plaisir. À telle enseigne que depuis, je refusais poliment chaque proposition de me mettre en casque VR sur la teté. Et puis mon fils s'y est mis l'année dernière. À reculons, du bout de ma ferme réalité, j'ai tenté à nouveau l'expérience. Je me dois d'admettre que la technologie a évolué dans le bon sens, celui de mon confort. Et c'est avec des a priori amoindris que je me suis rendu chez The Cluster pour tester non plus la réalité virtuelle mais la réalité mixte.

Un peu d'histoire (juste un peu, promis !)

Bien qu'elle ne corresponde plus à l'utilisation que nous en faisons aujourd'hui, l'expression "réalité virtuelle" apparaît pour la première fois dans Le Théâtre et son double d'Antonin Artaud qui l'emploie pour décrire la nature du théâtre. En tant que spectateur, nous voyons agir sous nos yeux de vrais personnages dans une action fictionnée.

La première tentative de réalité virtuelle telle que nous la concevons de nos jours, vous allez être étonnés, ne date pas d'hier. Nous la devons à Morton Heilig avec le Sensorama. L'idée prolonge celle d'Artaud puisqu'il souhaite mixer le cinéma et le théâtre, l'écran et les sensations du réel. La concrétisation d'une idée qu'il développe en 1955 se présente, en 1962, comme un mix entre une grosse borne d'arcade et les appareils de test des ophtalmos. Un siège simulant des mouvements, un écran stéréoscopique à large angle de vue, des haut-parleurs stéréo et même une soufflerie créant des effets du vent et un diffuseur de parfum. Ce qu'on appelle le cinéma 5D dans les parcs d'attractions. Malheureusement, cet appareil trop en avance sur son temps n'intéresse aucun investisseur et ne sera jamais commercialisé.

Restons un peu dans les parcs d'attractions avec l'avènement du premier film 4D, au nom assez proche de l'invention de Heilig - un hasard, je ne crois pas ! -, le Sensorium. En 1984, le Six Flags Power Plant de Baltimore, aux États-Unis, projette un film axé sur les passe-temps des américains au tournant du XXè siècl,e présenté Phineas Flagg, personnage honteusement pompé à Jules Verne et son Tour du monde en quatre-vingts jours. En plus de la 3D et des sièges dynamiques, une série d'odeurs étaient libérées en synchronisation avec le film.

Pour coller un peu plus au sujet, le premier casque de réalité virtuelle est créé à l'Université de l'Utah dans les années 70. Eh oui, ça ne date pas d'hier. Et c'est en 1982 que le gant de données voit le jour, permettant de mesurer les déplacements de la main et des doigts pour les communiquer à l'ordinateur.

La réalité augmentée

Bon, la réalité virtuelle, je pense que tout le monde sait ce que c'est. Mais quand est-il de leurs évolutions dont on entend de plus en plus parler.

La première fois que j'ai testé la réalité augmentée, c'était au Futuroscope à l'ouverture de l'attraction "Les animaux du futur" en 2008. Dans des véhicules se mouvant de salles en salles, il était possible d'interagir avec des animaux imaginés par de sérieux scientifiques anglais comme étant des évolutions logiques de la faune grâce à des jumelles de réalité augmentée et un bracelet-capteur placé sur le dos de la main. Sans jumelles, on voyait un décor vide. Avec les jumelles, on y découvrait des animaux étranges virtuellement ajoutés au décor avec lesquels on pouvait interagir comme, par exemple, leur envoyer de la nourriture qu'ils dévoraient.

En clair, à la différence de la réalité virtuelle, la réalité augmentée ne se coupe pas de l'environnement réel, simplement elle l'augmente d'un contenu virtuelle qui s'y adapte.

Et, donc, la réalité mixte, c'est quoi ?

Comme son nom l'indique, c'est un mélange des deux premières technologies. On y retrouve l'immersion de la réalité virtuelle avec l’interaction des éléments du monde réel reconstitué, ré-habillé, et pour notre plus grand plaisir fantasmé. Dans Protocol 223 - Attention à l'orthographe parce que Proctolog 223 est une toute autre aventure où vous incarnez la caméra d'une coloscopie que je n'ai pas envie de tester -, l'aventure que nous fait vivre The Cluster, nous évoluons dans un labyrinthe physique composé de murs et de portes en relation direct avec le monde virtuel vu depuis un casque VR. Quand on touche un mur virtuel, on ressent le mur réel. Le casque prend en compte l’espace en dur grâce à des capteurs intégrés. Notre position est calculée en direct. Bref, une couche de virtuelle se plaque sur le réel.

Et si, à ce moment de l'article, parce que c'est classe, je citais du Gilles Deleuze qui disait “Le virtuel possède une pleine réalité, en tant que virtuel”. C'est exactement ce que l'on ressent lors des séances de jeu de The Cluster.

Avant d'arriver dans le virtuel

Jeudi, 10H30. J'enfile mes lunettes de soleil pour sortir affronter le réel. Comme elles sont polarisées, elles m'offrent une vision du monde un poil sublimée. Je suis déjà dans l'ambiance. Je sors. Il fait beau. Je suis pas mal non plus... enfin, avec une triple couche polarisée sur des lunettes en écailles de licorne. Plutôt que de prendre la voiture, le petit ange écolo niché sur mon épaule gauche - logique ! - me suggère la marche. J'affronte le froid avec l'entrain qui caractérise le nordiste que je fus une grande partie de ma vie. J'enchaîne les petites rues du centre de Montpellier pour me retrouver à contre-sens du défilé d'une manifestation longue d'un bon kilomètre. Le diable de mon épaule droite, pour se venger de ma décision pédestre, m'envoie des ondes capitalistes. "Et si tu chaussais ton casque VR pour te retrouver dans la peau d'un CRS qui veut se manger du gaucho ? Mets-toi au milieu de la route, prends ta matraque..." Non mais oh ! Ça va pas, non ? J'attendrais encore une bonne demi-heure avant de vraiment tester la réalité Mixte. Avant d'entrer chez The Cluster, je prends quelques photos d'une magnifique fresque street art que je poste sur mon compte Instagram. Quoi, vous n'êtes pas encore abonné ???

J'entre pour découvrir un hall d'accueil très convivial à base de tables, de chaises hautes, d'un bar correctement achalandé et d'une série de consignes à clés servant à déposer ses affaires et son surplus éventuel de vêtements. En effet, il est conseillé de jouer en t-shirt ou chemise, bref, on boucle les gros pulls en mohair.

Puis viens le temps de se jeter dans l'arène. Première étape, un membre du staff explique le jeu, les enjeux, les personnages qui pourront être incarné dans le jeu avec leurs pouvoirs spécifiques. Je resterai volontairement flou pour ne pas vous enlever le plaisir de la découverte. No spoil, no spoil !

La salle suivante, je dois bien l'avouer, est celle qui m'a donné le moins de plaisir. Parce que la spécificité de cette virtualité là, est qu'elle est complète, ne comprenant pas uniquement le casque VR, le casque audio et une manette. C'est bien tout un attirail qu'on se met sur le dos, ce qu'on appelle ici un eXosuit. Comme je ne suis pas d'un format standard, physiquement parlant, ben, il a fallu que je me fasse remarquer dans cette phase post-ludique. L'harnachement est un passage obligé parce que la grande particularité, surtout la grande force de l'expérience, est que l'on voit en virtuel ses jambes et ses bras. Notre personnage est complètement incarné dans la réalité qui nous est proposé. Ce qui sous-tend des capteurs aux endroits stratégiques des membres visibles, j'ai bien dit visible.

L'autre gros atout de l'aventure, c'est qu'aucun fil ne nous entrave où nous relie au plafond comme c'est le cas des salles de VR standard. La combinaison comprend in fine un ordinateur dans le dos. Je ne me souviens plus exactement du poids global de l'eXosuit mais il me semble que ça se situe entre 3 et 4 kilos. Me voilà prêt à affronter un monde futuriste. Go go go !

Protocol 223

Après une phase de calibrage grâce à un drône virtuel, la partie commence. Il y en aura trois en tout pour une durée de jeu d'une vingtaine de minutes. Je ne vais pas faire durer le suspens, l'expérience est ultra bluffante. La latence - si vous voulez faire technique, vous parlerez de lag - est quasi inexistante. L'effet des mouvements, des actions est instantané. Un tour de force quand on sait que les liaisons se font via le réseau Wi-Fi.

Lors de la première partie, on se promène, on regarde partout, on admire la qualité des graphismes qu'on oublie dans les deux parties suivantes tant on est pris par nos missions. Je suis sorti de là avec la sensation d'avoir couru plusieurs cents mètres d'affilé. Bien que virtuel, le fait de se mouvoir dans un labyrinthe d'une surface de 200 m2 avec quelques pointes pour remplir ses fonctions dans les temps, attaquer l'ennemi ou se sauver de ses tirs, ben, c'est du sport !

Nous étions 2 contre 2. Le jeu permet un maximum de 8 joueurs en nombre pair ou impair. Le scénario évolue selon. L'idéal étant un 3 contre 3. Je vous ai dit que mon équipe avait gagné ? Dingue, non ?

Ah oui, rapport à ce que j'expliquais en préambule. Je n'ai eu aucun effet secondaire. Ni nausée, ni maux de tête. L'immersion est parfaite et l'expérience absolument bluffante. Et comme ça m'a obligé à faire du sport sans m'en rendre compte, moi qui ne pratique dans le plus fort de l'effort que le burger et la chaise longue, c'est cerise sur le pompon sur le gâteau du matelot. Une vraie belle découverte.

À noter que le jeu sera en évolution permanente et que de nouvelles options et optimisations se feront très régulièrement, comme l'abonnement (pas encore disponible au moment où j'écris ces lignes) permettant de conserver ses scores ou encore le replay des parties précédemment jouées à visionner entre potes sur les écrans de chaque table.

The Cluster

Mixed reality arena and bar

Site internet : protocol223.com
Téléphone : 07 66 88 77 69
Adresse : 465 Avenue Jean Mermoz - 34000 Montpellier
Tarifs : 20 euros en semaine - 25 euros le week-end (pour 20 minutes de jeu effectif)

Bigger Inside

Un petit mot, tout de même, pour l'équipe de développeurs qui ont créé le concept. Bigger Inside est une start up montpelliéraine réunissant une équipe de passionnés connaissant bien le milieu du jeu vidéo pour avoir travaillé entre autres chez ubisoft. Leur but est de concevoir des expériences de réalité mixte. C'est leur solution (logiciel et matériel) que vous pouvez tester chez The Cluster. Bon, en fait, la salle est une excroissance de la start-up et sans doute le meilleur moyen d'éprouver leur concept, comme quand Mack Rides a décidé d'exposer les attractions qu'il concevait dans ce qui est devenu Europa-park. On souhaite à Bigger Inside le même succès. The Cluster n'étant qu'une étape puisque l'envie de Bigger Inside est de proposer son concept à des lieux de divertissement, des parcs d'attractions, des centres commerciaux, tous ceux qui pourraient être intéressés par une telle animation en leur sein.

Site internet : www.biggerinside.fr

PS : Eh dites, les gars, otez-moi d'un doute, le nom de votre boîte, c'est une référence à Doctor Who, ou pas ?

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