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Nounours et les marionnettes de la télévision

1 Sep 2019 | Les miscellanées, Les séries TV | 0 commentaires

Cette semaine, on apprenait le décès de Marcel Ledun à l'âge de 90 ans. Le nom ne vous dit sans doute rien. Moi-même, je l'ignorais. Par contre si je vous dis Nounours, Nicolas et Pimprenelle, le marchand de sable et la phrase "Bonne nuit les petits !", les plus vieux d'entre vous tilteront. Il était le papa et le marionnettiste de Nounours.

Pour les plus jeunes d'entre vous qui n'avaient pas connu ce programme, son objectif était d'indiquer l'heure à laquelle les enfants devaient aller dormir, d'où son nom. C'était vers 19h20, juste avant le journal de 20h00. Je vous invite à un petit visionnage, celui du tout premier épisode diffusé en décembre 1962. Nounours ne s'appelle pas encore comme ça. Il est Gros Ours. Le marchand de sable est déjà présent. Il faut dire que l'idée du programme est venue au producteur Claude Laydu en matant quelques années plus tôt une émission allemande intitulée Das Sandmännchen, autrement traduit Le petit marchand de sable. Pour la petite histoire, la version teutonne mettait en scène une marionnette et deux fillettes, l'une d'elles étant celle que nous connaitront plus tard sous le nom de Nina Hagen. Étonnant, non ?

Les petits enfants de l'émission française sont quant à eux des marionnettes qui ne s'appellent pas encore Nicolas et Pimprenelle mais Mirabelle et Petit Louis. Petite info bonus, dans la version de 1994 de Bonne nuit les petits !, la voix de Nicolas est interprétée par Brigitte Lecordier qui double également Son Goku enfant dans Dragon Ball.

En apprenant cette triste nouvelle, l’idée m'est venue d'une plongée dans mes jeunes années par marionnettes interposées. Comme une allégorie du passage de l'enfance à l'âge adulte, des marionnettistes que sont nos parents vers la liberté. Dans la bouche de Pinocchio, ça donne ça :

Sans aucun lien,
Je me tiens bien,
Je ne titube,
Ni ne chancelle.
J'n'ai besoin d'aucune main
Qui tire des ficelles.

La Maison de Toutou

Il arrive à Nounours de présenter d'autres programmes que le sien comme nous allons le découvrir dans la vidéo qui suit. La Maison de Toutou est apparue à la télévision française en mars 1967. L'animation était réalisée grâce à des marionnettes d'une soixantaine de centimètres manipulées par Georges Tournaire et Agnès Vannier. L'émission mensuelle durera jusqu'en 1973

Toutou, vous l'aurez deviné, c'est le chien. Il vit avec Zouzou, une chatte. Eh oui ! L'amour libre, 1968, tout ça !  Ils ont une voisine, Kiki la grenouille. Et toutes les histoires tourneront autour de ces trois personnages.

Aglaé et Sidonie

Il m'arrive encore aujourd'hui de fredonner le générique de ce programme qui mettait en scène, dans une ferme, une truie et une oie essayant d'échapper au renard Croquetou. Bien que l'animation soit réalisée image par image, c'est bien des marionnettes à fil qu'on retrouve pour les plans rapprochés.

Diffusée à partir de février 1969, l'émission connaitra 5 saisons dont la première a disparue dans les années 1970 dans l'incendie du laboratoire où étaient stockées les bandes.

Cela peut sembler banal de nos jours mais c'est dans cette série pour la jeunesse que pour la première fois, les gueules ou becs des personnages sont articulés et synchronisés avec la bande son. Une bande son qui sera très musicale puisque chaque épisode accueille une chanson interprétée par un des personnage. Au total, Aglaé et Sidonie, ce sont 65 chansons dont 36 différentes pour 26 thèmes musicaux puisque certains ont été utilisés plusieurs fois avec des paroles différentes. Il n'y a pas de petites économies. Et en parlant de chanson, avant de passer aux marionnettes suivantes, je vous invite à chantonner avec moi le générique de fin.

Minizup et Matouvu

Non seulement j'ai un souvenir très vague de cette souris et de ce chat en marionnette à fil mais, maintenant que j'ai l'esprit pervers d'un adulte, je me demande si derrière ces noms, il n'y a pas comme une arrière pensée sexuelle. Non parce que sans le zozotement, ça fait quand même "mini-jupe" et "m'a tout vu" quand même. Et je ne suis pas le seul à m'être fait la remarque puisque quand le duo à fils revient à la télévision en 1978 pour l'émission de jeux Eurêka, les noms ont changé en Minizip et Matouva.

Je n'ai pas pu trouver la date précise de leur première apparition dans l'émission Jeudimage - à l'époque, le jour des enfants n'était pas le mercredi mais le jeudi - mais je pense que ça doit se situer vers la fin des années 60.

Le dessinateur Barberousse est la créateur des personnages. Il reviendra bien plus tard à la télé avec une autre émission à marionnettes, plus adulte, puisqu'on lui doit une grande partie du bestiaire du bébête show de Stépane Collaro.

Arlette Thomas prête sa voix à la souris Minizup. Une voix qui vous sera sans doute familière dans l'extrait qui suit puisqu'elle a doublé également Titi et Caliméro.

Pour info, Arlette Thomas est la mère de Pierre et Marc Jolivet, les Récho et Frigo de mon enfance, devenus depuis réalisateur pour l'un et comédien pour l'autre. Et c'est là que je me rends compte quand dans ma trilogie d'articles sur les clowns de mon enfance, j'ai oublié de parler d'eux. Je rattrape l'oubli tout de suite avec cette chanson qui, j'en suis sûr, vous restera en chewing-gum dans la tête.

Blablatus

Quand on parle émission jeunesse, un nom revient systématiquement, Dorothée. Pour beaucoup, elle a commencé sa carrière avec sa première émission jeunesse sur Antenne 2, le mythique Récré A2, avant d’atterrir sur TF1 pour enflammer les mercredis avec le célèbre Club Dorothée. Et non ! Il y a eu deux autres émissions avant ça. Dorothée et ses amis de 1977 à 1978 et, de 1973 à 1974, Les Mercredis de la Jeunesse sur la première chaîne. Eh oui, déjà !

Et c'est dans ce programme qu'elle partagera la vedette avec une marionnette prénommé Blablatus. Il y en aura quelques autres ensuite - et je vous en parlerai sans doute dans un prochain article faisant suite à celui-ci - mais cette émission est sans doute la première à proposer un duo animateur/marionnette. D'autres personnes intervenaient dans le fil de l'émission comme le docteur Michel Klein qui retrouvera la présentatrice bien plus tard dans le Club Dorothée.

Ah, une anecdote savoureuse ! Les Mercredis de la Jeunesse sera remplacée en janvier 1975 par Les Visiteurs du Mercredi, émission culte dans laquelle Dorothée sera chroniqueuse. Pas longtemps, 6 mois. Le directeur des programmes la renverra sous prétexte qu’elle n'est pas faite pour animer des programmes pour enfants. Vite, qu'on me trouve son nom pour que je ne partage jamais avec lui un ticket de loto.

Malheureusement, j'ai assez peu d'info sur la marionnette crée par Jean Dehix. J'ai juste dégoté une info sur le plateau disposé de telle manière que le marionnettiste était situé à une dizaine de mètres plus haut, ce qui rendait la tâche plutôt difficile. Et puis, finalement, le mieux n'est-il pas de la voir à l’œuvre ? C'est parti !

Père Lipopette et Sacripan

pour être franc, je n'ai trouvé aucune image de cette émission. Et même si dans mes souvenirs, ils s'agit de deux marionnettes, le doute m'habite. Pourtant, il fallait que je vous en parle parce que derrière ce programme se cache une jolie histoire personnelle.

Père Lipopette et Sacripan, un chien et un écureuil, est diffusée entre janvier 1975 et septembre 1977 sur Antenne 2 avant d'être remplacée par l'émission Dorothée et ses amis évoqué plus haut. À l'époque, j'ai une dizaine d'années. Je regarde l'émission tous les jours, surtout pour son côté "interactif". En effet, en envoyant une carte postale, on pouvait gagner des cadeaux. J'étais fasciné par l'idée qu'au moment où le nom du gagnant était prononcé, un facteur d'une parfaite synchronicité sonnait à sa porte les bras emplis de jouets et autres jeux de société. Comme les moyens techniques ne permettait pas encore le duplex facile et bon marché, les spectateurs ne voyaient que la photo des heureux tirés au sort. Plus tard, bien plus tard, je rencontre celle qui allait devenir ma femme et la mère de mes deux enfants. Au cours d'une de nos discussions nostalgiques, nous évoquons les émissions que nous regardions minots. Elle m'append qu'elle a fait partie des gagnants et, dans l'instant, je revois clairement la photo que j'avais vue sur l'écran et emmagasinée. C'est beau, non ?

Et avant d'écouter la chanson du générique, on termine par une petite info comme je les aime, la voix de Père Lipopette est celle Louis Seigner, grand-père d'Emmanuelle et Mathilde du même nom.

 

Sources : Wikipédia, Bide et musique, www.eighties.fr, www.planete-jeunesse.com

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